La 84e édition des 24 Heures du Mans mettra les femmes à l’honneur pour la deuxième année consécutive dans le Pavillon des Femmes, simultanément, sur la piste, deux féminines (la Française Inès Taittinger sur une Morgan  LM P2 n°28 et la Danoise Cristina Nielsen sur une Ferrari  LM GTE Am n°60) rivaliseront avec les 178 pilotes masculins engagés. Dimanche 22 mai, six femmes de l’ACO et de LMEM, les ont devancées en piste dans la ligne droite des stands en s’alignant au départ des 8 Heures du Mans,  la 4e manche du championnat de Fun Cup.

A l’ACO aussi les femmes s’engagent et se passionnent pour les sports mécaniques. Une vingtaine de collaboratrices de l’ACO et de LMEM avaient ainsi répondu à la proposition de la direction générale et des différents pôles de l’ACO qui proposaient de vivre, à l’instar des pilotes qui défilent à l’année sur les pistes du circuit des 24 Heures, une aventure stimulante et enrichissante.

Les participantes ont pris part à des sélections destinées à constituer un équipage 100% féminin le 24 avril. Après un passage par la piste du Circuit International de Karting et une formation accélérée dispensée par les équipes de Le Mans Driver, on attendait Eléonore, Léa, Lucie, Maeva, Marie et Nathalie pour les premiers essais de samedi.

Une pensée pour Nathalie

Finalement Laurianne, sera l’appelée de dernière minute pour remplacer Nathalie au volant de cette Fun Cup de 750 kg pour 170 cv qui peut atteindre 180 km/h. C’est elle qui concèdait le plus son appréhension avant le départ, avec  humour :  « je vais faire de mon mieux, mais c’est vrai que j’arrive un peu dans l’inconnu. Lors des essais, j’ai provoqué  une neutralisation en m’immobilisant dans le bac à gravier du Virage du Musée, là où Marc Marquez est sorti lors du Grand Prix Moto, comme quoi ça arrive aux meilleurs... on pense très fort à Nathalie qui aurait du être là à ma place ce week-end, et qui faisait parti des plus chevronnées  d’entre nous » ajoutait Laurianne.

De fait, en piste, les filles s’en remettaient totalement aux conseils de « Coach » Loïc, moniteur de « Le Mans Driver » qui distillait ses précieux conseils avant le départ lancé, confié à Eléonore depuis la 31e position sur une piste légèrement humide.

Chacune a pu effectuer deux relais de  40 minutes en respectant l’odre de passage établi durant les essais qualificatifs à savoir : Eléonore, Maeva, Lucie, Laurianne, Marie puis Léa. «  Il y a suffisamment de nouvelles choses à appréhender dans une voiture de course entre les procédures de démarrage, de redémarrage, le passage des vitesses etc.. alors il n'était pas question d’ajouter de la confusion en modifiant l’ordre de passage » précisait Loïc au moment du départ.

Piste très glissante

Les premiers relais, ne le cachons pas, ont été difficiles pour toutes, notamment en raison du déluge d’eau qui s’est abattu sur le circuit en milieu de matinée. Maeva, pourtant habituée aux compétitions de karting, avouait ne pas être à l’aise sous la pluie, mais rendait sa Fun Cup en parfait état à Lucie qui  commençait son relais par un ravitaillement en essence.

Laurianne, Marie et Léa n’étaient pas épargnées non plus par les cieux et devaient trouver de nouveaux repères de freinage sous la pluie après avoir effectué leurs essais sur piste sèche. « Même la passerelle Dunlop était parfois masquée par le nuage d’eau dégagé par les autres concurrents, alors on se repérait surtout grâce aux vibreurs » confiait Lucie en descendant de la voiture.

Formation continue

Après quelques figures non imposées sans autres conséquences qu’un peu de retard sur les leaders se battant à coups de secondes, les six reines du Bugatti pouvaient savourer un deuxième relais bien plus agréable en profitant des conseils de Loïc. Chaque prestation avait été disséquée lors de mini-débriefing improvisés dans le stand de la n°143.

La voiture n°143 de l’équipe ACO était équipée d’une caméra embarquée dont le fichier vidéo était récupéré à chaque arrêt, permettant ainsi à chacune de voir les  potentielles améliorations de trajectoire ou de vitesse de pointe sur les endroits clés du circuit Bugatti.

Un deuxième relais très profitable

Eléonore, première des six pilotes de l’équipe à raccrocher la combinaison après son second relais débordait d’enthousiasme à l'issue de la course : «  Certes nous avons été les championnes des figures libres en piste et les organisateurs n’ont pas manqué de nous le rappeler amicalement, Léa a même eu le droit à un tour « gratuit » en fin de course en suivant un concurrent qui n’avait pas vu l’entrée du parc fermé. Passé l’appréhension du premier relais, la deuxième partie de course fut une expérience inoubliable avec de beaux progrès à la clé pour toutes les filles. Etre dans la voiture sur la grille de départ est très grisant, on a déjà envie de recommencer, toute l’équipe d’encadrement fut géniale, et monter sur ce podium 100% ACO restera gravé dans nos mémoires."

Une belle initiative qui pourrait bien avoir une suite si l’on en croit les intéressées : «  pourquoi pas les 10 Heures de Miami l’an prochain, plus sérieusement il faut un peu s’organiser mais oui on y reviendra tôt ou tard » déclare Eléonore.

Avant cela, voilà une initiative qui ne peut que susciter d’autres vocations et l’envie de vivre l’expérience inoubliable de la course, comme le feront Inès Taittinger et Cristina Nielsen les 18 et 19 juin prochain lors des 24 Heures du Mans.

 

Photo : Le Mans, circuit Bugatti, dimanche 22 mai, Fun Cup : les filles du  « Choupette Motorsport » au grand complet entourent la Fun Cup n°143 dans laquelle Eléonore s’apprête à prendre le départ, de gauche à droite on reconnaît, Maéva, Lucie, Eléonore( au volant), Léa, Laurianne et Marie.