24 Heures Motos - Le record d'Alex Vieira peut être battu !
Retour

24 Heures Motos - Le record d'Alex Vieira peut être battu !

Avec cinq succès, Alex Vieira est le recordman de victoires aux 24 Heures Motos. Un record qu'il partage avec Grégory Leblanc, pilote de la Honda #111 de l'équipe Honda Endurance Racing. Ce dernier le dépassera t-il, ce week-end, à l'occasion de la 41e édition ? Agé de 61 ans, Alex Vieira revient sur son parcours aux 24 Heures Motos avec fierté et humilité.

Comment êtes-vous venu à l'endurance et aux 24 Heures Motos ?

« Je suis venu à la moto et à l'endurance un peu par hasard. Je suis allé voir une course au Mans et ça m'a plu. Ce qui m'a également fait venir à la moto, c'est le circuit Carole, au nord de Paris. Lorsqu'il a ouvert, j'habitais à moins de 20 kilomètres. Je possédais une Kawasaki 1000 et, un jour, j'ai pu rouler sur le circuit avec cette moto. Elle s'est rapidement transformée en une moto de course. Je participais à des courses d'endurance d'une durée de deux ou quatre heures, entre pilotes amateurs, et j'étais souvent devant. Puis j'ai rencontré un concessionnaire de Boulogne (Casque d'Or) et il m'a donné un coup de main. Nous avons participé au championnat de France en 1981. Très vite, j'ai été bien placé. En 1982, je termine deuxième et la saison suivante, je reçois le soutien de Honda. Ma première participation aux 24 Heures Motos remonte à 1983 et j'ai intégré le Team Honda France en 1984. »

Vous avez remporté les 24 Heures Motos à cinq reprises. Ces cinq victoires ont-elles toutes la même saveur ?

« Non. Les premières sont quand même beaucoup plus excitantes et c'est logique. Moi qui allais assister à cette course en tant que spectateur, je l'ai gagnée l'année suivante ! Je me pinçais pour être sûr que c'était bien réel. Lorsqu'on remporte les 24 Heures Motos, on ne réalise pas tout de suite. On en prend conscience en lisant la presse. Ensuite, ça devient presque normal parce qu'on est là pour gagner. C'est toujours une grande satisfaction de remporter cette épreuve parce qu'elle est difficile physiquement. C'est également tout un travail en amont alors c'est aussi la satisfaction du travail accompli. »

"On ne fait pas de la compétition moto par hasard. Il faut donner de sa personne et consentir beaucoup de sacrifices comme dans tous les sports de haut niveau"
Alex Vieira

Toutes vos victoires ont été glanées avec Honda. Est-ce Alex Vieira qui faisait gagner Honda ou l'inverse ?

« Je pense que c'était un tandem. Ces motos me convenaient bien et l'équipe était très professionnelle. Les mécaniciens travaillaient énormément et le résultat était là, car pour gagner les 24 Heures Motos, il faut que le pilote soit rapide mais il faut surtout que la moto soit fiable. C'était le cas des Honda, à cette époque. Grâce à la poigne de Jean-Louis Guilloux (patron de la compétition chez Honda France à l'époque, ndlr) et Guy Coulon (mécanicien du team, aujourd'hui chez Tech 3 en Moto GP, ndlr) l'équipe technique était au top. »

En 2016, Grégory Leblanc a égalisé votre record de cinq victoires aux 24 Heures Motos. Quel regard portez-vous sur ce pilote ?

« Je le connais uniquement via les médias. S'il a engrangé toutes ces victoires c'est qu'il est un super pilote, je n'ai aucun doute là-dessus. Comme moi avec Honda, il était dans la bonne équipe au moment de ses victoires. Il avait également une moto rapide et fiable. Ce n'est pas évident de parvenir à remporter les 24 Heures Motos cinq fois. Il faut aussi une part de chance. Grégory Leblanc est un pilote qui a du mérite. »

Etre l'un des deux pilotes qui comptent le plus grand nombre de victoires aux 24 Heures Motos, on imagine que c'est une fierté...

« Je ne vais pas dire non. J'ai remporté les 24 Heures Motos cinq fois, le Bol d'Or six fois et j'ai été un des rares pilotes européens à remporter les 8 Heures de Suzuka. Forcément c'est une fierté. Désormais, c'est loin, car j'ai arrêté la compétition en 1996, mais j'y repense souvent avec humilité. C'est une période de ma vie qui a été très mouvementée mais tellement excitante. Je m'estime vraiment chanceux. On ne fait pas de la compétition moto par hasard. Il faut donner de sa personne et faire beaucoup de sacrifices comme dans tous les sports de haut niveau. »

"Désormais, pour jouer les premiers rôles, en plus d'avoir une moto rapide et fiable, il faut une condition physique irréprochable"
Alex Vieira

Vous avez remporté la course à trois reprises avec votre coéquipier Jean-Michel Mattioli. Vous formiez un duo irrésistible ?

« Jean-Michel était un très bon pilote. On s'entendait parfaitement. Il était sûr, rapide et il avait le même comportement que moi sur la moto. On formait un vrai couple et on est d'ailleurs toujours en contact. C'est la preuve que je n'ai pas gagné les 24 Heures Motos tout seul. Il faut des coéquipiers rapides et j'ai toujours été accompagné de pilotes qui faisaient du très bon boulot. »

Comment jugez-vous l'évolution des 24 Heures Motos du point de vue du pilote ?

« Je pense que les pilotes actuels sont des sportifs à part entière. Je l'étais déjà à mon époque. J'étais un de ceux qui faisaient le plus de sport en dehors de la moto. Aujourd'hui, ils ont des entraînements plus spécifiques. Ils roulent également plus que nous car, à mon époque, les motos arrivaient tardivement du Japon. Nous avions peu d'entraînement et ça rendait la course encore plus difficile. Désormais, pour jouer les premiers rôles, en plus d'avoir une moto rapide et fiable, il faut une condition physique irréprochable. »

En 2009, vous avez été team manager de l'équipe Michelin Power Research Team. Etait-ce une expérience enrichissante pour vous en tant qu'ancien pilote ?

« J'étais fier que Michelin fasse appel à moi. Ere team manager, c'est complétement différent du statut de pilote. Je trouve que c'est beaucoup plus stressant. Avec les pilotes, on se comprenait facilement : pour moi, le naturel revenait au galop. Ça m'a permis de me rendre compte que les pilotes ne sont pas toujours objectifs (rires). Ils sont également très exigeants. Nous avions d'excellents pneumatiques, vraiment surprenants en termes d'efficacité. Nous avions la chance de pouvoir tester différents types de gomme. Michelin nous a fait confiance et c'était vraiment plaisant. L'aventure a duré deux ans et j'ai rencontré des techniciens très intelligents, très diplômés mais d'une simplicité incroyable. »

Quel est votre pronostic pour la 41e édition des 24 Heures Motos (21-22 avril) ?

« Ce n'est pas évident d'en livrer un car, comme à mon époque, la course est très ouverte. Je pense que le Suzuki Endurance Racing Team est prêt. L'équipe a un vécu et une expérience que les autres n'ont pas. La dernière GSX-R 1000 semble être au point. Je sais qu'une nouvelle victoire ferait plaisir à Dominique Meliand, le team manager du SERT. En même temps, Yamaha a aussi de belles chances de victoire. Je garde toujours beaucoup d'estime pour Honda, l'équipe de Grégory Leblanc, mais ils semblent être dans la difficulté. Neanmoins, leur implication est grandissante et je suis sûr qu'ils seront au rendez-vous ! »

Les cinq victoires d'Alex Vieira aux 24 Heures Motos

1986 avec Gérard Coudray et Patrick Igo (Honda VFR 750 R R30)

1988 avec Jean-Michel Mattioli et Jean-Louis Battistini (Honda VFR 750 R R30)

1989 avec Jean-Michel Mattioli et Christophe Bouheben (Honda VFR 750 R R30)

1990 avec Jean-Michel Mattioli et Stéphane Mertens (Honda VFR 750 R R30)

1995 avec Rachel Nicotte et Brian Morrison (Honda RC45)

Crédit photo : DR

Partenaires officiels

Partenaire média

Tous les partenaires