Six constructeurs étaient officiellement représentés en 1999 : BMW, Toyota, Chrysler, Mercedes, Nissan et Audi. Avec une telle affiche, cette édition est restée incertaine de bout en bout, de la lutte Toyota-Mercedes à la victoire finale de BMW.

"La première chose dont on se souvient spontanément lorsqu'on pense aux 24 Heures 1999, c'est l'envol de la Mercedes de Peter Dumbreck, digne d'une cascade de cinéma, raconte Laurent-Frédéric Bollée. Si on avait vu une telle image dans un film, on aurait trouvé ça invraisemblable... et pourtant, c'est bel et bien arrivé dans la réalité ! La deuxième chose qui vient à l'esprit, c'est le duel entre Mercedes et Toyota, digne d'un Grand Prix de Formule 1. Qu'il s'agisse de ces deux constructeurs, d'Audi ou de BMW, ce sont tous des engagements officiels, et trois marques sont déjà ou vont se retrouver en Formule 1."

L'autre grand événement des 24 Heures du Mans 1999, ce sont les débuts d'Audi. Pour cette première, la marque aux anneaux voit déjà grand, avec quatre voitures et deux configurations différentes : deux R8R (carrosserie ouverte) et deux R8C (carrosserie fermée). Et, déjà, la présence du Dr Wolfgang Ullrich, grand patron d'Audi Sport. "La première venue d'Audi aux 24 Heures du Mans est un autre signe fort de la magie de l'édition 1999, poursuit Laurent-Frédéric Bollée. Honnêtement, on est encore loin d'imaginer l'ampleur que va prendre cet engagement. Mais lorsque nous avons vu une R8R sur la troisième marche du podium, tous les professionnels ont pensé qu'Audi allait rapidement reprendre le flambeau. Les programmes BMW, Mercedes et Toyota au Mans étaient sur le point de s'achever, et ce premier podium d'Audi dès sa première participation était un indicateur fort du niveau d'organisation de leur démarche, et de leur intention d'être là pour longtemps."

Et aujourd'hui, la sortie de "1999, le choc des titans" prend une résonance particulière, quelques semaines après l'annonce du retrait du constructeur allemand. "Ce qu'Audi nous a fait vivre pendant dix-huit ans est légendaire, s'enthousiasme Laurent-Frédéric Bollée. Je suis un inconditionnel du Dr Wolfgang Ullrich. Ca fait près de vingt ans que je célèbre ce personnage, ainsi que la bonne ambiance, la sportivité, et aussi la performance bien sûr, de cette équipe Audi. Leurs équipages se sont toujours bien entendus et étaient très complémentaires. Audi, c'est un esprit de famille totalement assumé, que je n'ai jamais retrouvé ailleurs."

Dans le plateau exceptionnel des 24 Heures du Mans 1999, on compte également une belle présence américaine. En GT, les Chrysler Viper d'usine, exploitées par l'équipe française Oreca, vont s'imposer dans leur catégorie. "Les 24 Heures du Mans 1999 étaient un duel entre le Japon et l'Allemagne, mais il y avait aussi un joli parfum américain avec l'armada des Viper officielles et les prototypes de Don Panoz," confirme Laurent-Frédéric Bollée. L'extraordinaire allure des Panoz les ont rendues très rapidement populaires. Initiateur de la série d'endurance américaine ALMS, Don Panoz est en outre l'un des grands acteurs de la renaissance de la discipline lors des années 2000 à venir. "Dans '1999, le choc des titans', j'ai retrouvé une image que j'avais filmée à l'époque pour Eurosport, où on voit dans les tribunes une bande de supporters de Panoz avec une banderole marquée "Batmobile", qui était le surnom qu'on donnait à ce prototype étonnant à moteur avant, sourit Laurent-Frédéric Bollée. Je pense également qu'outre la coïncidence du calendrier qui en a fait la dernière édition du siècle, les 24 Heures du Mans 1999 marquent la fin d'une époque et le début d'une autre."

Cette nouvelle époque va aboutir en 2012 à la naissance du Championnat du Monde d'Endurance. Pour en savoir plus sur cette édition pas comme les autres et remonter aux sources de l'endurance telle que nous la connaissons aujourd'hui, il ne reste plus qu'à se plonger dans l'album "1999, le choc des titans"... En attendant le prochain épisode de cette rencontre avec Laurent-Frédéric Bollée, où il sera plus précisément question de l'un des vainqueurs : le Français Yannick Dalmas. Comme on dit dans le monde de la bande dessinée : à suivre !

 

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Le Mans 1999 en bande dessinée (1) - "Une édition extraordinaire"

Robert Paquet (dessinateur de "1999 le choc des titans") et Christian Papazoglakis, deux des dessinateurs de la série 24 Heures du Mans de Glénat BD, seront en dédicace le vendredi 9 décembre de 10 h 30 à 12 h 30 puis de 14 h 00 à 17 h 00 à la Boutique Officielle ACO Paris (118 boulevard Haussmann 75008). Une autre séance de dédicace aura lieu le samedi 10 décembre au Mans, au Musée des 24 Heures.

Photo : Après la R8C de 1999, ici à l'image, il faudra attendre 2011 pour revoir au Mans un prototype Audi aux 24 Heures du Mans. Ce sera la R18, qui signera quatre succès consécutifs et deviendra en 2003 la première voiture hybride victorieuse dans la Sarthe.