Yannick Dalmas, BMW et les 24 Heures du Mans 1999 (2/2)
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Yannick Dalmas, BMW et les 24 Heures du Mans 1999 (2/2)

L'unique victoire de BMW aux 24 Heures du Mans est aussi la quatrième de Yannick Dalmas. Le 13 juin 1999, associé à l'Italien Pierluigi Martini et à l'Allemand Joachim Winkelhock, il rejoint Henri Pescarolo en tant que pilote français le plus victorieux dans la Sarthe. Après le gros travail de préparation évoqué dans la première partie de cette conversation, place au verdict de la course, où BMW semblait plutôt en position d'outsider.

De par la présence de nombreux constructeurs (Mercedes, Toyota, Nissan, Chrysler, sans oublier la première apparition d'Audi), la 67e édition des 24 Heures du Mans s'annonce grandiose. Et les péripéties n'ont pas manqué, entre les deux "décollages" de Mercedes, la chevauchée interrompue de l'autre BMW V12 LMR de Kristensen-Lehto-Müller et la victoire finale de Dalmas-Martini-Winkelhock, restés jusqu'au bout sous la menace de Toyota.

Yannick Dalmas : "La V12 LMR n'était pas forcément la plus rapide, mais nous avions aussi travaillé sur la fiabilité. Pour autant, je ne dis pas qu'elle était indestructible, car il y a toujours des faiblesses. Ainsi, pendant les préqualifications, entre Mulsanne et Indianapolis, le mât d'aileron a cassé et je suis parti en tête-à-queue à environ 330 km/h sans gros dommage pour la voiture ni pour moi-même. Ce fut une très grosse frayeur, je me suis tout de même cassé une côte... Et ça s'est passé à peu près au même endroit que lorsque la Mercedes s'est envolée pour la dernière fois."

Compte tenu du nombre de constructeurs engagés lors des 24 Heures du Mans 1999, comment perceviez-vous une éventuelle hiérarchie ?

Connaissant la puissance de feu de Mercedes et Toyota, déjà présents en 1998 et en grosse bagarre avec Porsche cette année-là, il y avait des favoris en 1999 et ceux-ci n'ont pas forcément gagné. Mais au Mans, même si on a gagné plusieurs fois et même si on a beaucoup d'expérience, il faut être très humble. C'est un circuit très particulier : c'est très rapide, il y a énormément de trafic en piste de jour comme de nuit. Et si on regarde l'histoire des 24 Heures ces 25 dernières années, il y a toujours eu des outsiders, des bagarres et des rebondissements incessants de la première à la dernière minute de course. En 1999, j'ai voulu me focaliser sur ma voiture, les personnes de mon équipe : l'ingénieur avec qui nous avions remporté les 24 Heures 1995 avec la McLaren, les techniciens, motoristes et mécaniciens. Nous avions pu voir une démonstration de logistique impressionnante de la part de Mercedes et Toyota, avec une bagarre folle et des voitures qui allaient très, très vite. Même si on garde un oeil sur ce que font les autres, nous étions concentrés sur notre voiture et je me suis dit que si nous faisions bien notre travail, nous pouvions faire un très beau résultat.

Vous avez ainsi choisi un rythme moins élevé que l'autre V12 LMR...

Pour moi, la course était partie vraiment trop vite. Pendant le briefing général d'avant-course avec les dirigeants, les ingénieurs et les pilotes, l'idée était d'être à fond. Pour ma part, je pensais que la voiture était fiable, mais que si nous agissions ainsi, nous n'irions pas au bout. En outre, j'avais demandé une direction assistée, car la V12 LMR générait de gros appuis, la direction était lourde. Et au volant, on a besoin de sensibilité et de ne pas se forcer à piloter, ce n'est pas une séance de body-building. Notre voiture en était équipée, l'autre non. Nous sommes partis sur le rythme que nous avions défini. Et à partir du moment où nous nous sommes retrouvés en tête, Pierluigi Martini a fait dans les dernières heures le nécessaire pour distancer la Toyota.

Quel regard portez-vous aujourd'hui sur vos quatre victoires aux 24 Heures du Mans ?

A l'époque de ma première victoire avec Peugeot, en 1992, les 24 Heures du Mans faisaient partie d'un Championnat du Monde, comme c'est le cas aujourd'hui, et nous avions à la fois remporté la course et le championnat. Même si je n'ai pas gagné en 1993, j'ai vraiment pris cette année-là la mesure d'une victoire au Mans, de par le retentissement et la notoriété qu'elle peut apporter à un pilote. C'est quelque chose de très fort. 1995 fut l'édition la plus difficile par la météo, qui explique qu'une GT ait pu remporter la course. 1999 fut aussi une année difficile, cette fois stratégiquement et sportivement, car si nous avions adopté la stratégie de mes compagnons d'écurie, nous n'aurions jamais remporté la course.

 

Cliquez ci-dessous pour la première partie de cette interview :

Yannick Dalmas, BMW et les 24 Heures du Mans 1999 (1/2)

 

Et également ci-dessous pour en savoir plus sur l'histoire sarthoise de BMW :

BMW aux 24 Heures du Mans (1) - Dix grandes dates

BMW aux 24 Heures du Mans (2) - Quatre GT pionnières

BMW aux 24 Heures du Mans (3) - 1999... et autres victoires

BMW aux 24 Heures du Mans (4) - Dix histoires de pilotes

 

Photo (D.R. FIA) : Quadruple vainqueur des 24 Heures du Mans (1992-94-95-99), Yannick Dalmas est aujourd'hui pilote conseiller de la FIA dans le cadre du Championnat du Monde d'Endurance.

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