24 Heures du Mans 1988 : WM, un record à 405 ou 407 km/h?
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24 Heures du Mans 1988 : WM, un record à 405 ou 407 km/h?

Dans le cadre de la neuvième édition du Mans Classic, Le Mans Heritage Club expose la WM P88-Peugeot qui, le 11 juin 1988, a établi un record de vitesse à 405 km/h lors de la 56e édition des 24 Heures du Mans. Retour sur cette performance avec l’un de ses artisans, l’ingénieur Vincent Soulignac.

"Vincent Soulignac, quelles étaient vos activités lors de la création de WM ?

-Je suis arrivé chez WM pendant l’été 1976. A cette époque, j’étais ingénieur au centre de recherche de Peugeot à La Garenne (Hauts de Seine). J’ai pris assez rapidement des responsabilités techniques au sein de WM, je définissais toute l’architecture mécanique. Gérard Welter (décédé en janvier dernier, cofondateur de WM avec Michel Meunier, ndlr) supervisait le tout et était surtout beaucoup passionné par l’aérodynamique. Nous avons fait nos premières 24 Heures du Mans en 1976. Chez WM, nous étions des amateurs au sens premier du terme, aucun de nous n’était salarié. Nous développions et engagions nos voitures de course au Mans à titre de loisir. »

Qu’est-ce qui vous a amené à tenter ce record de vitesse ?

« La FIA a créé les prototypes dits du Groupe C pour faire venir des constructeurs, ce qui a provoqué une envolée des budgets. Vers 1985-86, nous avons donc réfléchi au type d’événement et d’aventure vers lesquels nous pourrions emmener nos sponsors. La société Heuliez (spécialisée dans la transformation de véhicules de route et utilitaires, ndlr) et son patron Gérard Quéveau ont accepté de nous suivre pour tenter d’établir le record de vitesse aux 24 Heures du Mans. Heuliez a donc pris à sa charge la WM n°52, qui est exposée au Mans Classic. »

"400 km/h, c'est un mythe, un chiffre rond qui fait parler !"
Vincent Soulignac

Depuis les 386 km/h de la Porsche 917 de Jackie Oliver en 1971, les 400 km/h étaient naturellement devenus l’objectif à atteindre. Comment s’est passée la chasse au record proprement dite ?

« Il faut rappeler qu’à cette époque, la mesure de la vitesse sur les routes était effectuée par un radar baptisé Mesta 206, fabriqué par la SFIM. On en trouvait un sur la ligne droite des Hunaudières en bord de piste aux 24 Heures 1987 et 1988. En 1987, on n’a jamais enregistré de vitesse supérieure à environ 390 km/h et au passage des WM, le Mesta 206 n’avait enregistré aucune vitesse alors que nous avions atteint les 410 km/h. Les 24 Heures 1987 se sont donc achevées sans que nous battions officiellement le record de vitesse. Nous étions bien sûr déçus et avons décidé de retenter notre chance en 1988. J’ai donc parlé avec la SFIM, qui m’a dit qu’ils allaient amener du matériel différent. Le samedi soir, pendant la course, aux alentours de 22 heures, un ingénieur de la SFIM est venu me trouver pour me dire qu’ils avaient un nouveau radar, baptisé Mesta 208. J’ai donc appelé Roger (Dorchy, l’un des pilotes de la WM n°51) et lui ai demandé de mettre 50 grammes de pression supplémentaires de suralimentation sur le moteur et c’est à ce moment que la voiture à atteint les 407 km/h. Gérard et moi travaillions tous les deux pour Peugeot, et il a été convenu avec eux que, compte tenu du lancement de la Peugeot 405, nous déclarerions le record de vitesse à 405 km/h. »

Sachant que les records sont faits pour être battus, quel regard portez-vous sur cette performance trente ans plus tard ?

« Pour toute l’équipe, c’était aussi un défi technique très motivant et très intéressant. Il faut non seulement une trainée très réduite mais aussi une stabilité absolue, car on ne lance pas un de ses pilotes à 400 km/h sans se poser de questions au préalable. Pour moi, si on avait envie de faire une voiture conçue pour cet objectif, on pourrait battre ce record sur la portion de la ligne droite des Hunaudières précédant le premier ralentisseur, et même sur ce que j’appelle la troisième ligne droite, juste avant Indianapolis. En fait, 400 km/h, c’est aussi un mythe. Ca fait 250 miles à l’heure… En somme, des chiffres ronds qui font parler ! (rires) »

 

Photos (Christian Vignon - ACO) : Au volant de la WM n°51, Roger Dorchy, détenteur depuis 1988 du record de vitesse des 24 Heures du Mans, avait cette année-là pour coéquipiers Claude Haldi et Jean-Daniel Raulet.

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