Après 10 participations aux 24 Heures du Mans avec des équipes françaises, 2016 marquait un vrai changement, avec une première dans une équipe américaine. Et c’est une victoire. C’est un signe ?

"Je pense que ce qui était vraiment spécial cette fois-ci, c’était mon « vécu » avec cette course et le fait que cette fois, je faisais partie du retour de Ford au Mans, avec un héritage et une histoire. Je ne pense pas que le fait d’être au sein d’une équipe américaine a apporté quelque chose de spécial c’est plutôt un tout, un projet. C’était une bonne combinaison de mon passé et du passé de Ford dans cette course. J’avoue que cette victoire est assez particulière sur mon CV. C’est exceptionnel d'avoir pu être l'un de ces trois pilotes qui seront dans les livres d'histoire pour le retour historique de Ford au Mans."

Après une collection de deuxièmes places au général (2007, 2009 et 2011 avec Peugeot), vous voilà enfin vainqueur. Vous allez mieux dormir maintenant que Le Mans a été « gentil » avec vous ?

"C’est un peu compliqué. Tout de suite, ce qui me plaît vraiment, c’est d'avoir gagné avec Ford pour le retour au Mans. Mais sur le plan personnel, je suis toujours en quête d'une victoire au classement général. On ne sait jamais, peut-être un jour, ce sera avec Ford. Pour moi ce sont deux choses très différentes, cette victoire avec la Ford GT et ce qu'une victoire au classement général pourrait représenter. J’ai la sensation d'être privilégié, et de faire partie de cette belle histoire, tant ce retour est beau, mais personnellement, je dois encore prouver des choses au Mans, et gagner. Je ne peux pas dire que j’ai gagné Le Mans. J'ai gagné ma catégorie, dans des circonstances particulières, avec une grande partie d’histoire. C’est une grande victoire avec une grande équipe. Espérons que cela soit juste une étape avant beaucoup d'autres succès dans ma carrière."

Y at-il un moment clé de la course, un moment précis où vous étiez derrière le volant dont vous vous souviendrez toujours ?

"Ma première fois dans la voiture, je me suis senti très bien. Je suis très content de mon rythme, de ma régularité, et de la façon dont nous avons pris l’avantage sur Ferrari et nos coéquipiers. Mon deuxième relai est encore plus mémorable, c’était sans doute le moment le plus stressant de ma carrière. J'ai eu une panne de radio ! Je savais que beaucoup de choses pouvaient mal se passer, et je voulais juste prendre les bonnes décisions. Je me suis isolé, je me suis mis sur ma propre petite île déserte, en essayant de prendre mes propres décisions… La course a été séparée entre ces deux phases très différentes. La première était très agréable, la deuxième était très stressante."

Vous êtes né au Mans, très apprécié des spectateurs. Vous avez eu le temps de sentir cette ferveur durant toute la semaine ?

"Oui ! Je pense qu’avec les fans, j’ai une relation très forte, et je l'ai vu tout au long de la semaine. Rien de délirant, mais un bon soutien. Ce qui était vraiment spécial, c’est la fin de la course, là, debout sur le podium, avec beaucoup d'acclamations et beaucoup de visages heureux. Une super expérience, que j’ai enfin pu connaître, et que je suis heureux d’avoir partagé. J’ai aussi pu croiser Henri Pescarolo, qui est un très bon ami, quelqu'un qui a joué un rôle essentiel dans ma carrière en sport automobile. Il était là en tant que consultant pour une chaine de télévision, et c’était vraiment bon de le voir. Il était heureux de me voir tout comme sa femme, Madie."

Vous êtes arrivé au Mans lundi, en raison d'une course retardée et du mauvais temps. Après Le Mans, pas de temps pour se détendre, à nouveau une course en IndyCar. Avez-vous l'intention de prendre des jours de repos pour profiter de ce succès avec votre famille?

"Là nous sommes sur la route (au moment de l’entretien, Sébastien Bourdais se dirigeait vers la manche IndyCar de Road America à Elkhart, dans le Wisconsin). Il y a deux autres événements après. Ensuite, je serai en essais dans l'Iowa, et je vais rentrer un peu à la maison. Ca va faire du bien de se regrouper avec nos amis à St. Pete (St. Petersburg, en Floride, là où il réside), Mais évidemment, comme vous le savez, il n'y a pas beaucoup de pauses dans la saison. Le calendrier est très chargé… "

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Photo : Sébastien Bourdais a effectué en 2016 un retour gagnant. Toujours pas de victoire au général, mais un succès en catégorie LM GTE Pro.