En janvier 1968, l'offensive du Têt est une date décisive de la guerre du Vietnam, qui s'annonce très longue pour les Etats-Unis. Sur le territoire américain proprement dit, les assassinats successifs du pasteur Martin Luther King (4 avril) et de Robert Kennedy (6 juin), qui était à l'époque en compagne électorale, suscitent une émotion considérable. En Europe, la tentative de réforme libérale menée en Tchécoslovaquie, dite du "Printemps de Prague", s'achève sur l'invasion du pays par les troupes soviétiques.   

Les 24 Heures du Mans ne sont pas épargnées par cette folle année 1968. A la suite de l'agitation sociale et politique du mois de mai en France, le double tour d'horloge sarthois, prévu à l'origine les 15 et 16 juin, se voit reporté aux 28 et 29 septembre.

Un an après la "course du siècle" qui avait vu Ford triompher de Ferrari en battant notamment le record de la distance, la Commission Sportive Internationale (ancêtre de l'actuelle Fédération Internationale de l'Automobile) décide de limiter à trois litres la cylindrée des prototypes, mais crée en parallèle une catégorie dite "Sport", ce qui permet de retrouver en piste les Ford GT40.

Il est à noter que si les 24 Heures du Mans avaient eu lieu en juin, la Ford GT40 victorieuse en septembre aurait été pilotée par un équipage totalement différent : les vainqueurs Lucien Bianchi et Pedro Rodriguez avaient remplacé Brian Redman et Jacky Ickx, respectivement accidentés en Formule 1 lors des Grands Prix de Belgique et du Canada !

Ce n'est pas la moindre des singularités de ces 24 Heures 1968, dont les temps forts sont à découvrir dans le deuxième épisode de cette saga.

Photo : La Ford GT40 victorieuse du Mexicain Pedro Rodriguez et du Belge Lucien Bianchi.