Pour monter sur la plus haute marche du podium à l'issue des 6 Heures de Spa-Francorchamps WEC, il fallait partir de la pole… à l'exception de la catégorie LMP1 puisque Porsche n'a pu concrétiser sa performance d'hier, Toyota raflant les deux premières marches, une première depuis 2014. Les résultats sont pourtant trompeurs car bataille il y a eu dans les quatre catégories.

En LMP1, Toyota partait favori sur le papier eu égard à son choix aérodynamique plus adapté au circuit ardennais que celui de Porsche. L'avantage octroyé n'a toutefois pas été significatif puisque les bolides allemands et japonais ont pointé à la première place au gré des ravitaillements même si, sur la ligne d'arrivée, les deux Toyota TS050 Hybrid, séparées par moins de deux secondes, relèguent la première Porsche 919 Hybrid à 35 secondes. Le meilleur tour en course revient pourtant à Brendon Hartley avec la Porsche n°2, en 1'57"638, soit moins d'un dixième de mieux que le meilleur chrono de la Toyota n°7 (1'57"722).

Si le Néo-Zélandais peut regretter d'avoir harponné l'arrière de l'Alpine LMP2 n°36 de Romain Dumas, double vainqueur des 24 Heures du Mans, dans la chicane de l'Arrêt de Bus une heure avant la fin de la course (la Direction de Course a convoqué les deux pilotes à l'issue de l'épreuve), les 16 secondes qu'il a perdues dans les stands pour permettre à ses mécaniciens de changer le capot avant n'auraient sans doute pas suffi pour ravir la première place à Sébastien Buemi, Anthony Davidson et Kazuki Nakajima, qui s'offrent une seconde victoire d'affilée après Silverstone.

Auteurs d'un sans-faute, le trio de la voiture n°8 repart des Ardennes belges avec une avance de 17 points sur celui de la Porsche n°2 (Timo Bernhard, Brendon Hartley et Earl Bamber), troisième, tandis que le tandem composé de Mike Conway, étincelant en Belgique, et Kamui Kobayashi (José María López n'a pas été autorisé à s'installer dans le baquet de la Toyota TS050 Hybrid n°7 après son accident de Silverstone) marque les points de la deuxième place.

La seconde Porsche, la n°1 de Neel Jani, André Lotterer, transfuge d'Audi, et Nick Tandy, qui totalisent cinq victoires aux 24 Heures du Mans, et la troisième Toyota, qui faisait sa première apparition en vue de préparer le double tour d'horloge sarthois, n'ont pu se mêler à la bagarre pour la victoire, à l'image de la voiture n°4 de ByKolles Racing Team, seul prototype non doté d'un système hybride. La 6e place du trio James Rossiter, Dominik Kraihamer et Oliver Webb sonne néanmoins comme une victoire après la déconvenue de Silverstone et surtout du Prologue, les essais officiels d'avant-saison, de Monza, où la voiture n'avait pu boucler que quelques tours. Une juste récompense pour toute l'équipe qui a travaillé dur pendant l'hiver pour intégrer un nouveau moteur dans la voiture.

Nouveau moteur aussi, mais pour tout le monde en LMP2 puisque depuis l'entrée en vigueur du nouveau règlement technique, un seul motoriste, Gibson, fournit la totalité d'un plateau qui a été dominé haut la main par l'Oreca 07 de G-Drive Racing, l'une des seules de la catégorie à n'avoir connu aucun incident. Curieusement, malgré les accrochages, les soucis mécaniques (Vaillante Rebellion n°31 avec un long arrêt-ravitaillement et Alex Brundle dans la n°37 de Jackie Chan DC Racing) et les deux sorties de piste de François Perrodo (TDS Racing n°28) dans le virage du Campus et de Tristan Gommendy (Jackie Chan DC Racing n°38) en haut du Raidillon de l'Eau rouge, la peloton LMP2 n'a pas été décimé puisqu'on ne compte qu'un seul abandon pour la nouvelle venue Tockwith Motorsports qui alignait l'unique Ligier JS P217.

L'Oreca 07 n°26 de l'équipe russe G-Drive Racing (Alex Lynn, Roman Rusinov et Pierre Thiriet), dont l'exploitation est assurée par TDS Racing, est donc fort logiquement sortie victorieuse du match avec 53 secondes d'avance sur l'Oreca 07 n°31 de Vaillante Rebellion, en dépit de la pénalité de dix secondes pour un accrochage avec la Ford GT n°66 et du contact de Bruno Senna, assisté cette saison par Julien Canal et ses trois victoires de catégorie aux 24 Heures du Mans et Nicolas Prost, avec l'Alpine A470, basée sur un châssis Oreca 07, n°36 en début de course.

L'équipe française championne en titre, cinquième, a une nouvelle fois été frappée par la malchance : après l'intervention de la voiture de sécurité, restée sagement dans les stands à Spa, à Silverstone, elle a perdu tout espoir de podium lors de l'incident avec la Porsche LMP1 dans les Ardennes belges. Pas plus de bonheur pour la débutante Alpine A470 n°35, sixième, qui a vu ses chances s'envoler rapidement après que Nelson Panciatici a été poussé par le vainqueur LMP2 de Silverstone, Oliver Jarvis, au volant de l'Oreca 07 n°38 de Jackie Chan DC Racing, qui complète le podium en compagnie de Ho-Pin Tung et Thomas Laurent.

Si en LMP2, les incidents n'ont pas concerné les équipiers, il n'en a pas été de même en LMGTE Pro où les Ferrari 488 GTE d'AF Corse sont restées au coude à coude pendant les six heures de course, proposant un spectacle exceptionnel.Si les voitures de Sam Bird et d'Alessandro Pier Guidi se sont touchées, les deux hommes, épaulés, respectivement par Davide Rigon (n°71) et James Calado (n°51), ont offert un doublé à Ferrari, devant la Ford GT n°66 de Stefan Mücke, Olivier Pla et Billy Johnson, revenue de loin après l'incident avec l'Oreca n°31 de Vaillante Rebellion. Comme à la parade, les deux Ferrari 488 GTE précèdent les deux Ford GT, les deux Porsche 911 RSR et les deux Aston Martin Vantage, les quatre dernières n'ayant pu se joindre au duel Ferrari/Ford.

Aston Martin qui pleure en LMGTE Pro, mais Aston Martin qui rit en LMGTE Am avec le succès de Pedro Lamy, Mathias Lauda et Paul Dalla Lana, qui avaient vu la victoire s'envoler avec la Vantage n°98 dans le dernier tour à Silverstone suite à un contact avec la Ferrari de Spirit of Race, restée sur le carreau. Les trois hommes ont conservé l'avantage jusqu'à la fin sur la rapide (meilleur tour en course) Porsche 911 n°77 de Dempsey-Proton Racing de Cairoli/Ried/Dienst et sur la lauréate surprise de Silverstone, la Ferrari n°61 de Clearwater Racing (Mok/Sawa/Griffin).

Tous les concurrents se retrouveront le 4 juin prochain pour la Journée Test des 24 Heures du Mans, troisième manche du Championnat du Monde d'Endurance (FIA WEC) qui se déroulera les 17 et 18 juin.

Résultats

Photo (Pascal Saivet / VSA) : Les Toyota n°8 et n°7 ont devant la Porsche n°2 aux 6 Heures de Spa-Francorchamps WEC.