Si Graham Hill n'a pas disputé les 24 Heures entre 1967 et 1971, le Britannique revient tout de même dans la Sarthe le 2 juillet 1967, pour l'unique édition du Grand Prix de France disputée au Mans, sur le circuit Bugatti. Pour l'occasion, il signe sur Lotus sa dixième pole position, mais est contraint à l'abandon au treizième tour sur un problème de transmission. Cette course s'achève sur un doublé Brabham avec Jack Brabham lui-même (vainqueur) devant son coéquipier Dennis Hulme, futur Champion du Monde 1967. Ancien coéquipier de Graham Hill aux 24 Heures 1965, Jackie Stewart est troisième sur BRM. Cette édition du Grand Prix de France fait actuellement l'objet d'une exposition rétrospective au Musée des 24 Heures.

Lorsque Graham Hill rejoint Matra pour les 24 Heures du Mans 1972, il n'est pas venu dans la Sarthe depuis six ans. Mais pendant cette période, il a remarquablement étoffé son palmarès. En 1968, il ajoute un deuxième titre mondial en Formule 1 (sur Lotus) à celui remporté chez BRM en 1962. En 1968 et 1969, il remporte également le Grand Prix de Monaco dont, avec un total de cinq succès, il restera le recordman des victoires jusqu'en 1993, date de la sixième victoire d'Ayrton Senna.

Pour la 40e édition des 24 Heures, Graham Hill est le coéquipier d'Henri Pescarolo : "Graham était une véritable légende, raconte le quadruple vainqueur des 24 Heures du Mans. Compte tenu de son âge (en 1972, Graham Hill était âgé de 43 ans, Ndlr), je pensais qu'il ne serait pas disposé à prendre des risques. Non seulement j'ai découvert un personnage hors du commun, mais c'est précisément lui qui a fait la différence pour la victoire sous la pluie, pendant la nuit."

Dans le duel fratricide qui l'oppose à l'autre Matra de François Cevert-Howden Ganley, la météo sera également l'alliée du duo Hill-Pescarolo en fin de course. Le dimanche matin, peu avant 11 h 00, Hill reprend le volant alors que la pluie recommence à tomber et décide de monter en pneus mixtes. Ganley, alors leader, reste en pneus secs. Après l'arrêt de l'Australien pour passer à son tour en mixtes, Hill reprend la tête. Cevert et Ganley perdent définitivement leurs chances de victoire en fin de matinée, lorsque leur voiture est heurtée par une autre concurrente. Mais après réparation, ils assurent tout de même un superbe doublé pour Matra.

Grâce à cette victoire mancelle, Graham Hill atteint l'Everest du sport automobile en circuit. Outre la "Triple Couronne" Monaco-Indianapolis-Le Mans (dans cet ordre au fil de sa carrière), il est également double Champion du Monde. Lorsqu'il prend sa retraite fin 1975 pour se consacrer à plein temps à son écurie de F1, il en est à cette époque détenteur du record de participations, avec 176 Grands Prix disputés sur dix-huit saisons. Mais il trouve la mort dans un accident d'avion le 29 novembre 1975.

Son fils Damon deviendra lui aussi Champion du Monde en 1996, après une unique participation mancelle en 1989. Fils de Damon, Joshua Hill participe en 2013 à une rétrospective Matra en lever de rideau de l'édition du 90e anniversaire des 24 Heures, avant d'annoncer un mois plus tard qu'il se retire du sport automobile, à seulement 22 ans, et à l'aube d'une carrière qui semblait très prometteuse.

Au fil de l'histoire du sport automobile, plusieurs pilotes se sont approchés de la Triple Couronne, en signant des doublés Monaco-Le Mans, Monaco-Indianapolis ou Indianapolis-Le Mans. Rendez-vous dans le prochain épisode pour en savoir plus...

 

Cliquez ci-dessous pour en savoir plus sur les participations de Graham Hill aux 24 Heures du Mans :

Graham Hill et la Triple Couronne (1) - Histoires des 24 Heures du Mans

Photo (Archives ACO) : En 1972, sous la pluie de la 40e édition des 24 Heures, le sang-froid de Graham Hill, ici au volant, a joué un rôle essentiel dans la première victoire sarthoise de Matra. Et lui a permis d'atteindre un sommet du sport automobile qu'il est toujours le seul à occuper, quarante-cinq ans plus tard.