Art Cars, artistes, graphistes… des griffes visuelles pour les 24 Heures du Mans
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Art Cars, artistes, graphistes… des griffes visuelles pour les 24 Heures du Mans

Les 85e 24 Heures du Mans sont particulièrement fastes pour les Art Cars. Outre la décoration Art Car célébrant la… 24e participation de l’équipe française Larbre Compétition (Corvette #50), la Morgan « Art Car » (LMP2) de l’édition du 90e anniversaire vient de faire son entrée au Musée des 24 Heures.

Officiellement, la lignée des Art Cars mancelles est née en 1976, lorsque le commissaire-priseur et gentleman-driver français Hervé Poulain (dix participations aux 24 Heures du Mans) engage une BMW à la décoration signée du peintre et sculpteur américain Alexander Calder. Suivront des personnalités comme Frank Stella, Andy Warhol, Jeff Koons, le sculpteur César ou le dessinateur français Georges Wolinski. « Toutes les Art Cars que j’ai conduites aux 24 Heures du Mans occupent chacune à leur manière une place particulière pour moi, indique Hervé Poulain, qui a offert avec la sixième place de la BMW M1 Andy Warhol de 1979 le meilleur résultat des Art Cars sarthoises. Désigner mon Art Car favorite, c’est impossible. C’est comme demander à un père de choisir un préféré parmi ses enfants. »

Si on se penche sur l’histoire des 24 Heures, on peut trouver d’autres variations à la dénomination Art Car. Souvenons-nous ici qu’un exemplaire de 1950 de la 166 MM, première Ferrari victorieuse au Mans en 1949, a été la première voiture exposée au MoMA (Musée d’Art Moderne de New York). Comme une sculpture symbolisant l’une des grandes inventions du XXe siècle et l'une des ses légendes les plus universelles.

Du côté de Porsche, détenteur du record de victoires mancelles (18), deux 917 de 1970 et 1971, respectivement surnommées « psychédélique » (mauve et vert fluo) et « cochon rose » (reproduisant la découpe des quartiers de viande d’un porcidé), ont gagné dans le cœur des fans une place qui pourrait faire d’elles les « prototypes » des Art Cars.

Posons donc la question suivante : une Art Car peut-elle être  – ou pas – à la fois une décoration sortant de l’ordinaire et la réalisation d’un artiste ? Pour Jacques Nicolet, initiateur de la Morgan LMP2 Art Car du 90e anniversaire des 24 Heures, conçue par Fernando Costa à partir de panneaux de signalisation, la réponse est claire : « Ce qui me fait rêver, ce n’est pas une Art Car en particulier, mais le principe de l’Art Car, c’est-à-dire un artiste, un thème, une histoire et un concept, plus particulièrement, pour le cas de la Morgan, sur un prototype, alors que les Art Cars ont principalement été déclinées sur des GT. »

Cette voiture vient de faire son entrée au Musée des 24 Heures, en même temps qu’une autre Morgan, celle du défi 2016 du quadri-amputé Frédéric Sausset, dont la livrée a été réalisée par le designer automobile et graphiste Benoît Fraylon, originaire du Mans. « J’ai voulu donner à cette voiture un aspect encore plus dynamique, avec une diagonale partant de l’aileron de requin (appendice aérodynamique reliant l’aileron arrière au cockpit, ndlr) jusqu’à la lame avant. Frédéric (Sausset, ndlr) m’a donné des libertés mais il fallait tout de même placer les stickers des sponsors à la bonne taille et au bon endroit. Cela impose au designer graphiste des obligations inconnues d’un artiste qui, à l’inverse, s’impose ses propres contraintes. Cela dit, pour être honnête, une Art Car est tout de même davantage l’émanation d’un artiste. Mais se pose alors une autre question : comment définir un artiste ? »

Si la réponse à cette question appartient à chacun, laissons le mot de la fin à Ramzi Adek, l’artiste de la Corvette Larbre Compétition #50 (LMGTE Am) : « J’ai voulu faire une Art Car populaire, car le public des 24 Heures du Mans ne fréquente peut-être pas forcément les galeries d’art. J’ai imaginé une super voiture pour des super pilotes, en pensant aussi bien à Matisse qu’à la culture des comics et plus précisément un comic intitulé Human. Captain America, c’est pour attaquer les adversaires en piste. La femme souligne son rôle important dans cette histoire humaine. L’avion de chasse, c’est pour la puissance et l’agressivité. La tête de mort, c’est pour faire comprendre aux adversaires ce qui les attend s’ils doublent la voiture. Et la fluorescence nocturne de cette décoration, c’est pour symboliser tous ces super pouvoirs. »

Pour la Corvette Art Car et ses pilotes Romain Brandela (initiateur de ce projet), Christian Philippon et Fernando Rees, les choses ont plutôt bien commencé, avec la pole position de la catégorie LMGTE Am. Reste maintenant à savoir si les « super pouvoirs » de Ramzi Adek et l’expérience consommée de l’équipe de Jack Leconte offriront une conclusion victorieuse dimanche prochain.

Photo : Après 2011 et 2012, le binôme Larbre Compétition - Corvette signera-t-il une troisième victoire pour la 24e participation mancelle de l'écurie française ?

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