Roger Penske : "Le Mans, la course des courses" (1/2) - 1963-1971
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Roger Penske : "Le Mans, la course des courses" (1/2) - 1963-1971

Le 21 février, le Royal Automobile Club (RAC) de Grande-Bretagne a reçu un invité de marque en la personne de Roger Penske, l'un des propriétaires les plus couronnés du sport automobile américain. Dans cet entretien exclusif publié en deux épisodes, celui-ci n'a pas fait mystère d'un prochain objectif : les 24 Heures du Mans. Dans cette première partie, il évoque ses deux participations sarthoises de 1963 (en tant que pilote) et 1971 (en tant que propriétaire d'écurie).

L'unique participation mancelle de Roger Penske en tant que pilote a lieu lors de l'édition 1963. Cette année-là, il est au volant d'une Ferrari engagée par le NART, l'écurie de Luigi Chinetti, ancien triple vainqueur. Lors de cette édition, les concurrents sont soumis pour la première fois à un système de qualifications au temps, alors que précédemment la grille de départ était établie selon l'ordre décroissant de la cylindrée des moteurs. C'est précisément le Mexicain Pedro Rodriguez, le coéquipier de Roger Penske, qui se montre le plus rapide, avec un chrono de 3'50''9 (209 km/h de moyenne)... L'Américain se retrouve ainsi au volant de la voiture signataire de la première pole position des 24 Heures du Mans ! En course, la Ferrari 330 TRI n°10 ne quitte pas le top 6 du classement général. Elle est troisième lorsque Roger Penske en prend le volant, avant d'être victime pendant la neuvième heure de la rupture d'une canalisation d'huile qui le contraint à l'abandon après une sortie de piste sans gravité.

Il faut attendre huit ans avant de revoir Roger Penske dans la Sarthe, cette fois comme concurrent, et toujours avec Ferrari. Entre temps, il a mis un terme à sa carrière de pilote pour développer ses affaires et ses activités de propriétaire d'écurie. En 1970, Roger Penske et son pilote ingénieur fétiche Mark Donohue envisagent un engagement aux 24 Heures du Mans pour l'année suivante.

A début de la saison 1971, la Ferrari 512 M bleu nuit signe deux prestations prometteuses aux 24 Heures de Daytona (pole position et troisième à l'arrivée) et aux 12 Heures de Sebring. Aux qualifications des 24 Heures du Mans, Donohue et son coéquipier David Hobbs, quatrièmes, emmènent le peloton des huit 512 engagées par des équipes clientes, en l'absence d'une équipe d'usine... Et Mark Donohue signe pour la circonstance le chrono le plus rapide d'un prototype Ferrari sur le circuit des 24 Heures. En course, l'Américain et le Britannique restent dans le peloton de tête. Au moment de son abandon sur un problème moteur à la sixième heure, la 512 M n°11 occupait la deuxième place derrière la Porsche 917 L Gulf de Pedro Rodriguez-Jackie Oliver.

"Le Mans signifiait énormément pour nous, c'était quelque chose que nous devions accomplir en tant qu'équipe et que je veux toujours faire"
Roger Penske

Comment avez-vous entendu parler des 24 Heures du Mans avant d'y courir en 1963 ?

Roger Penske : "Je crois que je place Le Mans dans la même catégorie que les 500 miles d'Indianapolis, ce sont deux des plus grandes courses du monde. Nous étions en relation avec Luigi Chinetti. Il était distributeur Ferrari à New York et, comme j'étais pilote, il m'a contacté en me demandant si j'aimerais courir au Mans. A ce moment, j'ai fait équipe avec Pedro Rodriguez. Je connaissais Pedro et son frère Ricardo, nous courions aux Etats-Unis dans les épreuves sport. A l'époque, la ligne droite des Hunaudières n'avait pas de ralentisseurs. C'est tout simplement incroyable quand on la voit aujourd'hui, il faut imaginer les vitesses et la technologie qui en sont issues. Aujourd'hui, les pilotes regardent la technologie, les temps au tour... Nous n'avions rien de tout cela à l'époque. Je me souviens avoir manqué une vitesse en sortant du virage au bout des Hunaudières. Joachim Bonnier, qui courait sur Porsche, et moi sommes rentrés à pied vers les stands et c'était intéressant pour la foule, car toutes les voitures étaient dans le garage près de la piste et on pouvait voir toutes les Ferrari alignées. Ce n'était pas comme l'environnement secret d'aujourd'hui. C'était une belle expérience."

Au milieu des années 1960, vous avez raccroché le casque pour diriger vos affaires...

"J'étais sur le point de devenir concessionnaire General Motors et Chevrolet, et cette occupation m'a amené à arrêter les courses. En outre, mon père allait prendre sa retraite, il m'a prêté $ 50 000, en me disant que si je les perdais, il devrait recommencer à travailler. Je n'ai pas voulu le laisser tomber mais pour moi, c'était le bon moment. Et mes connaissances en tant que pilote m'ont été utiles pour ma carrière dans les affaires."

Comment avez-vous été amené à engager une Ferrari 512 M en 1971, qu'en a-t-il été de votre partenariat avec Kirk White ?

"Kirk White était un homme d'affaires qui me soutenait en tant que sponsor personnel à cette époque. Pour la voiture, nous avons réalisé notre propre carrosserie sur la 512 M et je me souviens que nous avions dû tout changer par rapport à la voiture de base dont nous disposions. Nous travaillions avec Traco (préparateur attitré de Penske à cette époque. Ndlr) pour le moteur, mais nous avons malheureusement eu une défaillance de ce côté. Nous avions bâti une équipe et Le Mans signifiait énormément pour nous, c'était quelque chose que nous devions accomplir en tant qu'équipe et c'est toujours ce que je veux faire aujourd'hui."

Sur quels aspects de la 512 M Mark Donohue avait-il travaillé ?

"Mark était ingénieur mécanique, il avait une vraie vision sur la manière de préparer la voiture, et je crois que ce fut probablement pour nous un avantage, car nous n'avons pas pris la voiture telle que nous l'avons reçue. Nous avons pu travailler dessus à la fois d'un point de vue mécanique et aérodynamique, ce que les autres n'ont sans doute pas fait, mais à cette époque Mark a joué un grand rôle dans nos succès."

 

Remerciements particuliers à Louis Monnier, Ben Cussons (Président du Royal Automobile Club de Grande-Bretagne) et à Roger Penske.

 

Photo (Louis Monnier / ACO) - Lors de son unique apparition en tant que pilote aux 24 Heures du Mans en 1963, Roger Penske a également imprimé sa marque dans l'histoire de Ferrari. Il pilotait en compagnie de Pedro Rodriguez une 330 TRI/LM qui fut le dernier prototype Ferrari à moteur avant vu dans la Sarthe.

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