L'incroyable histoire d'une Aston Martin DB1 des 24 Heures du Mans 1949
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L'incroyable histoire d'une Aston Martin DB1 des 24 Heures du Mans 1949

Chaque année au mois d'août, la Monterey Car Week, en Californie, attire les passionnés de voitures historiques avec, notamment, plusieurs ventes aux enchères. L'une des voitures proposées par RM Sothebys, l'Aston Martin DB1 qui a terminé 11e aux 24 Heures du Mans en 1949, a une histoire incroyable, tout comme son premier propriétaire, Robert Lawrie.

Il était une fois un bottier britannique qui rêvait de disputer les 24 Heures du Mans. Après avoir appris à fabriquer des souliers avec son père, Robert "Rob"Lawrie, alpiniste chevronné, se spécialise, dans les années 30, dans la fabrication sur mesure de chaussures destinées aux expéditions himalayennes. Succès aidant, le Londonien d'adoption fournit bientôt tout le matériel nécessaire aux randonneurs de haute montagne et aux explorateurs des poles, ce qui lui vaudra d'avoir un glacier à son nom en Antarctique.

Fine gâchette à ses heures perdues, Robert Lawrie, qui approvisionnait l'armée pendant la deuxième Guerre mondiale, s'est mis dans la tête de disputer la première édition des 24 Heures du Mans d'après-guerre, surmontant les handicaps un à un. Impossible, pas anglais pour Rob Lawrie !

D'abord, il parvient à convaincre Aston Martin de concevoir une 2-Litre Sports, qui deviendra rétrospectivement la DB1 (première voiture produite sous l'ère de David Brown, qui a racheté le constructeur britannique), exprès pour lui, puis, en visiteur habitué du circuit des 24 Heures, il réussit à décrocher une invitation pour la 17e édition du double tour d'horloge sarthois. Une fois le précieux sésame en poche, il s'empresse de demander une licence au RAC, condition sine qua non pour s'aligner au Mans. Le Royal Automobile Club, face à l'invitation officielle et à la détermination sans faille de Robert Lawrie, octroie finalement la licence à l'intéressé alors que ce dernier est un… complet néophyte en sport automobile !

Bien décidé à franchir la ligne d'arrivée, Robert Lawrie, assisté d'un autre amateur, Robert W. Parker, ménage sa monture et caracole en 10e position. Peu avant la fin de la course, ce dernier s'arrête pour laisser au pilote-propriétaire l'honneur de passer sous le drapeau à damier. A son grand dam ! Seuls les dix premiers sont récompensés et le geste élégant de Robert Walker les relègue à la 11e place au classement général. Une performance exceptionnelle pour un débutant, d'autant que sur 49 concurrents, 19 seulement sont à l'arrivée !

Tout à son succès, le duo rentre en Grande-Bretagne par la route avec l'Aston Martin DB1 flanquée du n°29 qui repart dans les ateliers de Gaydon pour y être reconditionnée. Peu après, la belle Anglaise est vendue par Robert Lawrie, qui sera victime, peu de temps avant sa mort, d'un accident de la circulation, et perd sa livrée vert Suffolk pour sa couleur actuelle bleu Botticelli.

Bien des années après, un Néo-Zélandais entre en possession du châssis AMC/49/5 et se retrouve impliqué dans une histoire rocambolesque, digne d'un scénario de film d'action. Croyant vendre la voiture à un acheteur japonais respectable, Colin Gordon expédie la voiture au pays du Soleil levant, mais celle-ci est volée dans un entrepôt du port et se retrouve entre les mains d'un yakuza.

Avec sa seule bonne foi comme arme, le Kiwi se rend au Japon pour tenter de faire valoir ses droits, mais les gros bras du mafieux lui font comprendre, moyennant quelques côtes cassées, qu'il ferait mieux de rentrer chez lui. Aussi déterminé que l'était Robert Lawrie à prendre le départ des 24 Heures du Mans en 1949, ce qu'il réitérera à trois reprises jusqu'en 1952, Colin Gordon finit par obtenir gain de cause, après la mort violente du yakuza, auprès des tribunaux japonais. En 2007 !

Quasiment ruiné par la bataille juridique, le Néo-Zélandais se sépare du châssis AMC/49/5, qui se retrouve une nouvelle fois à vendre à Monterey, en Californie, par RM Sothebys, le 18 août prochain avec une estimation entre 1 050 000 et 1 300 000 dollars (entre 900 000 et 1 100 000 euros). L'Aston Martin a certes un palmarès des plus réduit, ayant participé à une seule course, mais son histoire, ainsi que celle de ses propriétaires, pourrait inspirer les scénaristes d'Hollywood, il est vrai peu éloigné de Monterey…

Photo (D.R.) : L'Aston Martin DB1 est vendue avec un lot de photos d'époque dont celle qui illustre cet article, prise peu avant les 24 Heures du Mans 1949.

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