Finies les combinaisons blanches... Depuis quelques années, les anges-gardiens des pilotes sont vêtus d’orange, une couleur qui présente l'avantage de ne pouvoir être confondue avec les drapeaux qu’ils utilisent. Ces Saint-Bernard des pistes sont indispensables aux pilotes avec lesquels ils fraternisent (nul autre mieux que Jacky Ickx ne trouve les mots qu’il faut).
De la prévention à l’intervention, tout est internationalement codifié. Côté intendance, les tentes se font plus rares, les camping-cars sont leurs demeures des longues semaines du Mans, les épouses accompagnent, certaines officient comme leurs égaux masculins. Et lorsqu’intervient la pause salvatrice, madame, en parfait cordon bleu, nourrit la troupe affamée par quatre heures consécutives de bruit et de fureur au grand air. Au poste 18, c’est choucroute garnie, au 63 c’est tripoux, au 123 c’est blanquette... De quoi donner à un journaliste avisé la matière conséquente d'une page culinaire dédiée aux postes de commissaires !
La grande révolution la plus récente, c’est la création des Slow Zones. Finies les 5 h 30 de course sous Safety Car, désormais on gèle le tronçon où a lieu l’incident ou accident. La portion précédente permet la décélération éventuelle de 340 à 60 km/h. Et sitôt franchie la Slow Zone, drapeau vert, la course reprend ses droits pour un nouveau tour jusqu’à ce que le retour à la normale soit effectif. De plus il y a, pour les commissaires, interdiction formelle d’intervenir sans une protection validée par le directeur de course... Finis les "trompe-la-mort" qui, n’écoutant que leur conscience, volaient au secours les pilotes, parfois au mépris du danger. Tout est désormais sous contrôle.
Il ne faudrait pas oublier que l’homme ressource national, de la fédération, pour les formations de commissaires est bien sûr l'un des nôtres. Et saluons aussi les quelques associations qui regroupent l’essentiel des commissaires, sans compter ceux qui accueillent leurs pairs lors des compétitions, gommant les difficultés. Cette armée de l’ombre, reconnue pour son excellence dans le monde entier, est une fierté pour les 24 Heures : elle participe à l’alchimie unique du Mans, où grands professionnels et bénévoles contribuent, à bonheur égal, à faire tourner la machine. Démontrant, si besoin était, que bénévolat ne veut pas dire amateurisme...