François Hurel, le Pescarolo du Karting !
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François Hurel, le Pescarolo du Karting !

 

Photo : Michel LEAGEAY - ACO/Nikon

 

A l’instar d’Henri Pescarolo et ses 33 participations aux 24 Heures du Mans automobile, François Hurel détient le record d’assiduité en karting. Le parallèle ne s’arrête pas là... Cette année, le vainqueur de l’édition 1989 raccroche – provisoirement ? – son casque pour se reconvertir en manager d’équipe !

Reconnu comme l’un des plus grands spécialistes des 24 Heures du Mans, François Hurel est l’auteur de nombreux livres relatifs à l’épreuve (Ferrari au Mans, Porsche au Mans, Matra au Mans, etc) et le Rédacteur en Chef du magazine Le Mans Racing. Cela ne l’a pas empêché de lâcher la plume pour enfiler les gants et disputer les 24 Heures du Mans Karting à 24 reprises depuis la création de la course en 1986.

Quelles étaient vos motivations pour participer à la première édition des 24 Heures du Mans Karting en 1986 ?
François Hurel :
Quand j'ai commencé à courir en kart, en 1979, l'épreuve n'existait pas encore. La seule épreuve de 24 heures existant avait lieu à Brignoles dans le Var. Etant en Normandie, cela paraissait loin, cher et compliqué. Et pour le jeune pilote que j’étais, la vitesse restait la priorité. Etant déjà passionné par les 24 Heures du Mans, je rêvais que cette épreuve existe en karting. Aussi, quant elle est enfin apparue au calendrier en 1986, y participer était une évidence, d'autant qu'à 25 ans, je n'avais plus d'ambitions en vitesse. Cette course a donc prolongé ma carrière de kartman. Après, la gagner est devenu un objectif. Plus récemment, atteindre le cap des 24 participations m'a aidé à rester motivé.

Quelles étaient les différences avec aujourd’hui ?
Le tracé du circuit n'a pas changé. C'est un très beau tracé, rapide, varié et exigeant, qui ressemble plus à un circuit automobile qu'à une piste de karting habituelle. Seules les bordures ont changé. Il y a quelques années, des vibreurs plats sont apparus, qui ont modifié le pilotage au détriment des pilotes les plus fins et... des arbres de roues. Cette année, on est revenu en arrière avec des vibreurs plus hauts qu'il faut absolument éviter, ce qui est une bonne chose. Mais la principale différence, c'est l'éclairage. Aujourd'hui, les puissants projecteurs permettent de voir de nuit comme en plein jour, ce qui n'était pas le cas au début ! Les premières années, le virage était éclairé, mais le début de la zone de freinage restait dans une semi-obscurité. Quant on découvrait la bordure intérieure dans son champ de vision, on savait qu'il était grand temps de tourner ! C'était un vrai challenge et cela donnait à la nuit un côté aventureux : j'adorais ça ! Mais il faut reconnaître que c'était un peu dangereux avec les karts en panne qu'on découvrait au dernier moment. Aujourd'hui, c'est plus sûr... mais moins fun.

Quel est votre meilleur souvenir ?
Pas de souvenir fulgurant, mais plusieurs. Ma victoire de 1989 bien sûr, mais quand on a la chance d'être dans un top team, on accueille la victoire comme une chose « normale ». La manière dont j'ai intégré cette équipe suisse allemande deux ans plus tôt reste le moment le plus fort. N'ayant pas de volant, je m'étais pointé la veille avec mon casque et j'avais fait le tour des stands. La fortune sourit aux audacieux, car je me suis retrouvé enrôlé dans la meilleure équipe du moment. Au début, il n'était question que de quelques tours aux essais, puis peut-être un ou deux relais. En fait, on m'a mis dans le kart dès la 2e heure de course et j'ai fait mes relais comme les autres. On se battait pour la victoire, mais des ennuis divers nous ont relégués au 4e rang.  Je vivais un rêve... et la victoire de 1989 n'a été que la concrétisation de ce rêve. Je garde aussi un souvenir très amusant de 2006, avec le team Arnage. Suite à une averse, le départ était donné sur une piste humide. J'ai insisté pour faire monter des pneus pluie, car je savais que ça mettrait du temps à sécher. Je partais en fond de peloton, mais au bout d'une demi-heure, j'étais 2e, derrière le seul autre pilote en pneus pluie. Mon seul mérite était d'avoir fait le bon choix, mais il fallait le faire... Après la piste a séché et la logique a repris ses droits, mais quelle rigolade !

Et le pire ?
Ça ne peut être que l'accident de Patrick Bouazis en 1994, qui a mené à l'arrêt prématuré de la course à trois heures de l'arrivée. C'est la seule fois de ma carrière où j'ai été confronté à la mort d'un collègue, de plus un garçon que j'admirais et que j'appréciais, car c'était un excellent pilote.

En qualité de journaliste, vous devez avoir un regard particulier sur les jeunes espoirs ?
En course, on oublie qu'on est journaliste. Les autres pilotes sont avant tout des adversaires, qu'il faut essayer de battre, jeunes ou vieux. J'ai vu défiler beaucoup de jeunes pilotes, beaucoup étaient très bon, mais dans ce contexte de compétition, je n'étais pas disposé à me laisser impressionner. Tout de même, Sébastien Bourdais était très jeune quand il a gagné, ce qui était le signe d'une certaine maturité. Je lui souhaite sincèrement de remporter les « grandes » 24 Heures après les « petites »... ce serait un honneur pour tous les kartmen.

Quelles-sont les qualités d’un bon pilote d’Endurance Karting ?
En karting comme en auto, elles sont les mêmes : un physique et un mental irréprochables, l'esprit d'équipe, savoir aller vite sans trop taper dans les freins, dans les pneus, dans la transmission, éviter les bordures autant que faire se peut, éviter les accrochages, quitte à perdre un peu de temps derrière un pilote moins rapide, où à s'écarter pour laisser passer un plus rapide, savoir prendre la bonne décision face à un événement imprévu, d'autant que les liaisons radio sont interdites. Il faut être très complet et l'expérience est très utile... tant qu'on reste suffisamment rapide.

Vous cumulez 24 participations, mais vous ne figurez pas sur la liste des engagés cette année. Que ferez-vous pendant l’épreuve ?
Comme je suis en âge de songer à la reconversion, je serai team manager de l'équipe de Saint-Lô, n°100, dont mon ami Jacky Foulatier est un des pilotes. C'est une situation cocasse car chacun sait que Jacky, qui ne compte que deux participations de moins que moi, rêve de me chiper mon record. Mais j'ai encore un peu d'avance, alors on verra... En tout cas, ça prouve que la rivalité n'empêche pas l'amitié. Et je suis très heureux d'avoir cette opportunité. Après avoir atteint le cap des 24 participations, j'avais envie de faire une pause, mais je ne me voyais pas rester à la maison, ni être spectateur, car cette course est une belle aventure humaine et elle fait partie de ma vie.

Les 24 Heures du Mans 2011 se disputeront les 3 et 4 septembre sur le circuit Alain Prost.

Julien Hergault

Photo : LE MANS (SARTHE), CIRCUIT ALAIN PROST, COURSE PILOTES ET JOURNALISTES, SAMEDI 24 AVRIL 2011. En marge de la Journée Test des dernières 24 Heures du Mans, François Hurel (à droite) et Franck Mailleux avaient remporté un trophée de karting dans lequel pilotes et journalistes faisaient équipage.

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