Ford au Mans 1966-1969 : du Flower Power à Woodstock (1/4)
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Ford au Mans 1966-1969 : du Flower Power à Woodstock (1/4)

Le long métrage Le Mans 66, lauréat de deux Oscars, offre également le plaisir de se repencher sur une époque d’une exceptionnelle richesse. De 1966 à 1969, les quatre victoires consécutives de Ford aux 24 Heures du Mans ont repoussé toujours plus loin les limites de la performance, alors que musiciens et cinéastes inventent de nouveaux horizons.

Ainsi, pendant que l’Italie et l’Amérique s’affrontent pour la suprématie sarthoise, et que certains pilotes d’outre-Atlantique écrivent leur propre légende chez Ferrari comme chez Ford, une autre alliance italo-américaine va marquer, à cette même période, l’histoire du cinéma.

Ford et Ferrari, trois « transfuges » américains – Triple vainqueur des 24 Heures du Mans chez Ferrari (1958, 61 et 62), Phil Hill est l’un des premiers pilotes sollicités par Ford dès 1964. Cette année-là, victimes d'ennuis d'alimentation puis de carburation en début de course, Hill et Bruce McLaren effectuent une spectaculaire remontée qui les ramène de la 44e à la quatrième place. Mais leur boîte de vitesses rend l'âme à la 14e heure... non sans un record du tour de Phil Hill à 211 km/h de moyenne. En 1965, Hill et Chris Amon s’élancent depuis la pole position mais perdent douze tours dès la deuxième heure pour une fuite d’huile. Hill reprend la piste pour un superbe baroud d'honneur (nouveau record du tour à 222 km/h de moyenne) jusqu'à ce qu'une fois encore, la boîte de vitesses contraigne la Ford n°2 à l'abandon à 23 h 00. Dans l’équipage vainqueur sur Ferrari en 1965, on retrouve l’Américain Masten Gregory… pilote Ford l’année précédente sur une GT40 partagée avec son compatriote Richie Ginther. Après un superbe début de course entre la première et la deuxième place, les deux Américains achèvent prématurément leur démonstration à la cinquième heure sur un souci de boîte de vitesses. Pour 1965, Gregory passe chez Ferrari et remporte la course, associé à l’Autrichien Jochen Rindt au volant d’une 250 LM alignée par North American Racing Team (NART), l’écurie de Luigi Chinetti, ancien triple vainqueur dans la Sarthe. Repéré par ce dernier, Dan Gurney dispute à quatre reprises les 24 Heures sur Ferrari (1958, 59, 62 et 63, abandons) avant de rejoindre Carroll Shelby, d’abord sur Cobra (1964 et 65) puis au sein de l’équipe d’usine Ford, avec la pole position et le record du tour en 1966, puis la victoire en 1967 en compagnie de AJ Foyt.

Sergio Leone et Clint Eastwood, une « transfiguration » italo-américaine – Exactement à la même période, un cinéaste italien et un acteur américain écrivent ensemble une page majeure de l’histoire du cinéma. En 1963, Sergio Leone remarque Clint Eastwood dans la série télévisée Rawhide et lui propose le rôle principal du film qu’il se prépare à tourner à Almeria (Espagne). En 1964, Pour une poignée de dollars sort en salles et révolutionne le western. Clint Eastwood met en pièces l’image positive du héros américain telle qu’incarnée notamment par Gary Cooper ou John Wayne, avec un personnage ambigu et peu loquace (il demande à Sergio Leone de supprimer une bonne partie de ses répliques). Quant à Sergio Leone, il pose une grammaire filmique à contre-courant du genre, avec également l’aide précieuse des partitions musicales d’Ennio Morricone, qu’il approfondit dès l’année suivante, toujours avec Eastwood, dans Pour quelques dollars de plus. En 1966, alors que Ford touche au but avec sa première victoire aux 24 Heures du Mans, Sergio Leone atteint le premier sommet de sa carrière avec Le bon, la brute et le truand, où Elli Wallach et Lee van Cleef sont associés à Clint Eastwood. Estimant avoir fait le tour de son personnage entré dans la mémoire du cinéma sous le sobriquet « d’homme sans nom », ce dernier met un terme à cette fructueuse collaboration. Il crée en 1967 Malpaso, sa propre société de production, et entreprend de développer à domicile sa carrière de comédien puis de réalisateur, alors que les films de Sergio Leone ont déjà fait de lui une star en Europe. Après cette « trilogie du dollar », Sergio Leone pousse encore plus loin cette transfiguration du western en 1968 avec Il était une fois dans l’Ouest. Et Clint Eastwood ne manquera jamais de saluer l’influence de sa rencontre avec le cinéaste italien sur son propre parcours de metteur en scène commencé en 1971, en lui dédiant notamment son western Impitoyable, qui lui avait valu en 1993 le premier de ses deux Oscars du Meilleur Réalisateur.

PHOTO (D.R. / ARCHIVES ACO) : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS, SAMEDI 18 & DIMANCHE 19 JUIN 1966. Six mois après que Ford ait battu Ferrari au Mans (ici à l'image la voiture victorieuse de Chris Amon et Bruce McLaren), sort le 23 décembre en Italie Le bon, la brute et le truand, troisième et dernier film de l'association italo-américaine de Sergio Leone et Clint Eastwood. 

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