Edmond Mouche, le pionnier manceau de Porsche
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Edmond Mouche, le pionnier manceau de Porsche

Coéquipier d'Auguste Veuillet au volant de la première Porsche vue aux 24 Heures du Mans en 1951, le Sarthois Edmond Mouche (1899-1989) a connu une belle carrière de pilote dont le maître mot fut l'éclectisme, passant avec bonheur du circuit au rallye, sans oublier bien sûr le double tour d'horloge manceau. La Porsche 356 qu'il pilota au Mans en 1951 figure en bonne place dans l'exposition Porsche du Musée des 24 Heures (jusqu'au 24 février 2019).

Né le 4 septembre 1899 à Etival-lès-Le Mans (à l’ouest du Mans) dans une famille de maréchaux-ferrants, le jeune Edmond va consacrer sa vie à l’automobile en achetant un garage. Vie de passion d’autant plus méritoire qu’au seuil de sa vie sportive et professionnelle, la Seconde Guerre mondiale secoue la planète et l’automobile fait du surplace, notamment le sport automobile à cause du plan Pons (plan de rationalisation de l'industrie automobile française lancé après la guerre par le ministère de la Production Industrielle et portant le nom de son initiateur, Paul-Marie Pons, ndlr).

Edmond Mouche réussit son brevet de pilote militaire en 1937 et un deuxième en 1940. Il fera cependant une carrière exceptionnelle en Grand Prix à l’époque où personne ne se préoccupe du sport automobile. En 1947, il participe entre autres aux Grands Prix de Nimes (10e), de Comminges (8e), d’Alsace (9e), de l’Albigeois (abandon), de Reims (abandon), de la Marne, de Marseille (8e) sur une Talbot Lago 150 C (châssis 82933/82930) achetée à Pierre Levegh. Datant de… 1936, elle est remise au goût du jour par l’usine (carrosserie et freins hydrauliques) mais s'avère moins performante que la nouvelle génération, ce qui pousse Edmond Mouche à la revendre à Rosier et à choisir une Delage D6 3 litres (châssis 880004 appartenant à Louveau) pour le Grand Prix de Paris 1948, où il bat le record du tour du circuit de Montlhéry. Ses compagnons de jeux à l’époque sont illustres : Raymond Sommer, Luigi Villoresi, Alberto Ascari, Yves Giraud-Cabantous, Pierre Levegh, Louis Chiron, Philippe Etancelin ou encore Guy Mairesse.

Renonçant aux courses de vitesse en circuit, il se tourne vers l’endurance et le rallye avec éclectisme et même exotisme. Il participe à l’occasion au plus grand concours d’élégance de la Côte d’Azur avec un cabriolet Delahaye (dont il est membre d’honneur du club) dessiné par Franay. Aux 24 Heures de Spa-Francorchamps de 1949, il termine deuxième sur la même Delage avec Henri Louveau.  Sa première participation aux 24 Heures du Mans, toujours en 1949, avec son ami Auguste "Toto" Veuillet, également sur une Delage D6L, se solde par un abandon en vue de l’arrivée (bielle coulée à la 23e heure), après avoir figuré en tête à mi-course.

En 1950 c’est sur Aérominor venue de Tchécoslovaquie qu’il s’aligne avec Jacques Poch (abandon à la 20e heure. Ils feront partie, à l'instar d'Auguste Veuillet ou encore d'André Chardonnet, de ces importateurs qui représenteront en France des marques jusqu’alors inconnues dans l'Hexagone.

En 1951, la troisième participation d'Edmond Mouche aux 24 Heures du Mans en 1951 change sa destinée : il partage le volant de la première Porsche importée en France par Auguste Veuillet. Le duo français ouvre l’extraordinaire palmarès de la marque au Mans, riche notamment de 19 victoires au général, de 1970 à 2017. Avec leur petite Porsche 356 SL à moteur 4 cylindres à plat de 1100 cm3 refroidi par air, ils couvrent 2480 km à 118 km/h de moyenne. En 1952, ils améliorent leur performance de sept tours sur une voiture identique.

Retour à l’exotisme en 1953 avec Jacques Poch sur une Borgward qui abandonne dans le dernier tour. En 1954, pour sa dernière participation (avec Alexandre Constantin, préparateur français connu pour ses compresseurs), il abandonne à la treizième heure sur une défaillance de la boîte de vitesse de la barquette Constantin Peugeot, à moteur de base 203.

Pour sa carrière en rallye, Edmond Mouche fera une grande partie de ses compétitions sur Hotchkiss (au rallye de Monte Carlo par deux fois), débutant par un abandon au Tour de France 1951 (qui fait étape place de la République, au bureau de l’ACO) à la suite d’un terrible accident dans les Alpes, à Saint Jean de Maurienne. Edmond Mouche raconte : "je me reposais au côté de mon camarade Maurice Worms car j’avais conduit toute la nuit. J’ai été réveillé par des flammes et le choc de la voiture avec un fardier qui trainait un arbre énorme en travers de la route, l’arbre est entré par le pare-brise et ressorti par la lunette arrière. La voiture restait suspendue comme un mouton à la broche, mon coéquipier n’était ni blessé ni brûlé mais ma portière était bloquée et je commençais à être léché par les flammes. D’autres concurrents sont arrivés,  ils ont réussi à m’extraire, m’ont enveloppé dans des couvertures et allongé dans le fossé. Je ne repris connaissance qu’à l’hôpital, où le chirurgien m’a appris qu’à part quelques fractures et brûlures, ce n’était pas si dramatique qu’imaginé et qu’au bout d'une semaine, une ambulance ma rapatrierait sur Paris où je demeurais traumatisé tout un mois."

Après une victoire au rallye Sablé-Solesmes (organisé par le sabolien Pierre Daguet) sur Simca 8 sport, Edmond Mouche s'impose sur Porsche au rallye des Capitales de l’Ouest (organisé par l’ACO) avec son inséparable "Toto" Veuillet. Ce succès scelle leur passion pour la marque : ils créent l’importation Porsche Sonauto dans des bâtiments ultra modernes de Levallois, continuant à aligner en compétition de jeunes talents français sur Porsche bien sûr. Citons entre autres une victoire en GTS aux 24 Heures du Mans 1970 avec une inattendue 914/6 et aux 4 heures du Mans avec la 908 aux couleurs BP de Guy Chasseuil et Claude Ballot-Léna.

En 1974, Edmond Mouche est fait chevalier de l’Ordre National du Mérite par Marceau Crespin, alors ministre des Sports. Il préside longtemps l’AGACI (Association Générale Automobile des Coureurs Indépendants, ndlr) et organise de très nombreuses courses sur le mythique anneau de Montlhéry. Il  reçoit sur le stand Porsche du Salon de l’Automobile à Paris le Président Pompidou, lui-même propriétaire (en fait son épouse) d’une Porsche 356 B gris moyen qui est conservée au Porsche Experience Center du Circuit des 24 Heures. Il s'éteint le 12 mai 1989 à 89 ans, ayant marqué de son empreinte l'histoire de Porsche aux 24 Heures du Mans.

Photo (Jean-René Roger / ACO) - La 356 d'Edmond Mouche et Auguste Veuillet, première Porsche vue au Mans, figure en bonne place dans l'exposition du 70e anniversaire de la marque au Musée des 24 Heures.      

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