Commémoration du 11 novembre 1918 : L'ACO a fait front pendant la Grande Guerre
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Commémoration du 11 novembre 1918 : L'ACO a fait front pendant la Grande Guerre

Par un décret en date du 24 septembre 1919, le Président de la République a conféré à l’Automobile Club de l’Ouest, la Médaille d’Argent de la Reconnaissance Française. Sur le document officiel est ainsi formulé : « Par ses initiatives heureuses, son action méthodique et étendue, l’ACO a rendu les plus grands services pour l’assistance des prisonniers de guerre pendant leur captivité et lors de leur rapatriement. » A l’occasion de la commémoration du centenaire de l’Armistice, le Musée des 24 Heures du Mans rend hommage à l’engagement du club et de ses membres pendant la Grande Guerre avec l'exposition de témoignages et documents.

Du 28 juillet 1914 au 11 novembre 1918, 10 millions de personnes ont trouvé la mort dans ce conflit terrible, et ce sont près de 2,5 millions de soldats qui ont été faits prisonniers par les allemands dont plus de 500 000 français. Cette guerre totale, cette grande guerre, cette guerre des tranchées, des poilus, des gueules cassées est également la première guerre mécanisée. Pour mener les combats sur tout type de terrains, pour organiser la tactique, pour franchir les barbelés des 700 km de tranchées, pour surprendre l’ennemi, pour acheminer les soldats sur les lignes de front ou pour soigner sur place les blessés, des avions, des voitures, des taxis, des camions et des chars ont été utilisés pour la première fois, en nombre. La voiture devient la « sixième arme ».

Avant juillet 1914, l’ACO compte alors 1380 membres, inaugure son bureau parisien Boulevard Pereire, ainsi qu’un bureau à Laval. La Sarthe enregistre 1013 voitures. Et l’ingénieur-journaliste Charles Faroux (l’un des futurs créateurs en 1923 des 24 Heures du Mans) multiplie les conférences sur les progrès de l’auto, dans un contexte autophobe, où l’automobiliste subit toujours plus de nouvelles taxes.

Quand la guerre est déclarée, l’ACO se mobilise. Le Club intervient, durant tout le conflit, sur plusieurs fronts : l’aide aux prisonniers, la lutte contre la réquisition arbitraire des voitures et contre les taxes, mais également le développement de la motoculture, essentielle pour assurer des vivres et éviter la famine.

Pour Noël 1914, l’ACO envoie un colis à chacun de ses 800 membres mobilisés. Les 21 février et 13 mars 1915, deux wagons, transportant plus de 15 000 francs de vêtements, partent pour les camps de Bavière. Leur origine : l’Office de vêture du Club, qui comprend entre autres responsables : MM.Singher, Carel, Durand et le docteur Moreau, tous membres du comité directeur de l’ACO. Fin 1915, l’ACO aura consacré 2000 francs par mois à ces distributions vestimentaires pour les prisonniers de guerre. Dans ces envois, on trouve aussi des chaussures, du pain, si possible « biscuité », ou encore du beurre demi-sel, du lard salé gras ou maigre.

En s’appuyant sur ses antennes du Mans, de Chartres, Laval, Tours et d’Alençon, le Comité des œuvres de l’ACO entreprend un travail titanesque : des familles de prisonniers sont reçues, on expédie 19 000 colis, on part à la recherche de quelques 1900 disparus…

Très vite, les listes atteignent les 3000 prisonniers et les initiatives redoublent pour panser les souffrances : ainsi, est créé un bureau de placement gratuit pour les blessés réformés. En parallèle, l’ACO contribue à relayer les bureaux de recrutement qui recherchent des automobilistes pour le soutien des armées.

  • Une agence ACO.
  • L'ACO, un siècle de vie associative et sportive.
  • L'automobile a joué un rôle prépondérant.
  • Une agence ACO.
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  • L'automobile a joué un rôle prépondérant.
  • Une agence ACO.
  • L'ACO, un siècle de vie associative et sportive.
  • L'automobile a joué un rôle prépondérant.
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Une agence ACO.

En 1916, ce sont 80 123 colis expédiés, 1700 opérations de recherche de disparus entreprises, 27 000 lettres transmises et 24 300 demandes de renseignements satisfaites. Pour collecter des fonds, une « journée sarthoise » est organisée. Elle rapporte 120 000 francs,  répartis entre les diverses associations locales d’aide en temps de guerre et les comités régionaux de l’ACO.

Les lettres de remerciements des prisonniers récompensent ces efforts. Comme ce courrier du sergent Tenin, de Courdemanche dans la Sarthe : « Ah ! On connait bien le Comité du Mans dans les camps en Allemagne, les envois collectifs les plus abondants et les envois individuels les plus intelligemment composés et les mieux emballés viennent encore et toujours du Comité du Mans. Son œuvre est admirable et la reconnaissance des milliers de prisonniers et de leurs familles récompensera ses membres de leur besogne ingrate, difficile, mais si utile et si féconde à laquelle ils se consacrent ».

Par ailleurs, le siège social dispense de plus en plus de cours théoriques et pratiques de conduite automobile. 50 sociétaires du Club véhiculent régulièrement médecins, officiers, gendarmes et policiers pour qu’ils fassent leur devoir.

La prolongation de la guerre et la mobilisation des hommes au front posent de graves problèmes de production agricole à la France et, pour compenser ce manque de bras, l’avènement de la motoculture est primordial, confirmant le discours tenu douze ans plus tôt par Georges Durand, tentant de séduire le monde paysan à la veille du premier Grand Prix : « D’essai en essai, de course en course, vous verrez sortir un jour le petit moteur bon marché, bon garçon, qui poussera vos charrues et vos moissonneuses, qui fera tourner le moulin à pommes et la baratte, qui s’attellera à vos tombereaux pour faire vos gros charrois…Ce que vous verrez passer dans un fracas terrible ce n’est pas seulement le moteur bon pour l’automobile du riche et du touriste, c’est le moteur qui servira bientôt à vous faire l’Automobile des champs ». On assiste à la création d‘écoles de laboureurs mécaniciens, comme celle d’Evreux, soutenue par l’ACO. Le conseil général de l’Eure et Loir achète plusieurs tracteurs,  la mécanisation agricole du « grenier de la France » est en marche et l’ACO contribue financièrement à cet essor, labourant même l’aérodrome pour y planter des patates !

Dans son rôle plus traditionnel de club, l’ACO conteste toujours avec véhémence les réquisitions d’automobiles, fustige les taxes et les 2 francs des cartes d’essence. La création, par Georges Durand, de la Défense automobile et sportive apporte aux sociétaires de l’ACO un complément de protection juridique face aux litiges et contentieux. La question de l’essence fait toujours la une et le Club dénonce les inégalités de traitement entre les départements concernant les allocations de carburant par l’Etat. Ses prises de paroles sont entendues. L’ACO envoie ainsi une lettre de gratitude à Renault pour le développement de ses chars légers, les FT, qui ont grandement contribué à l’issue victorieuse du conflit. A l’Armistice, l’ACO compte 2800 adhérents, près de 1500 de plus qu’en 1914. Ses valeurs sont reconnues et appréciées.

(L'ACO, un siècle de vie associative et sportive, ouvrage de Hervé Guyomard et Pierre-André Bizien)

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