Suite au changement de règlement, le plateau de la 31e édition des 24 Heures du Mans ne comporte que 49 voitures et du fait des nombreux abandons sur casse mécanique et sorties de piste, seuls 12 concurrents seront classés à l’arrivée, dont six Ferrari aux… six premières places ! Toutefois, le châssis 4381 SA de la Ferrari 330 LMB (Le Mans Berlinetta) n’en fait pas partie puisque Pierre Noblet et Jean Guichet, engagés sous la bannière de l’écurie Pierre Noblet, ont été contraints à l’abandon au cours de la 8e heure, le moteur de leur monture ayant rendu l’âme.

Le moteur de la 330 LMB, porté à 400 ch, était celui que la 330 GTO spéciale, dont elle était l’évolution, avait testé au Mans l’année précédente. Si celle-ci a abandonné à la 7e heure, la 330 LM TRI victorieuse en 1962, qui reviendra l’année suivante après avoir été rachetée par les frères Rodriguez, disposait d’un moteur identique.

Sur les quatre 330 LM (trois LMB et une TR LM) à moteur 4 litres au départ des 24 Heures du Mans 1963, une seule passera sous le drapeau à damier, celle de Jack Sears et Mike Salmon, tous deux récemment décédés. Ces derniers, en s’imposant dans la catégorie de 3 001 à 4 000 cm3 ont rempli leur contrat puisque la Ferrari 250 GTO à carrosserie identique à la 330 LMB et moteur de 3 litres seulement a terminé derrière. Pour l’anecdote, la Ferrari des Britanniques, dont le châssis était à la base celui d’une 400 Superamerica, est venue de Maranello par la route avec des plaques d’immatriculation britanniques ! Pendant la course, la belle Italienne était parvenue, avec beaucoup de chance, à se faufiler entre l’épave d’une René Bonnet partie en tonneau à la passerelle Dunlop et les fascines qui bordaient la piste à l’époque.

Tout avait bien commencé pour le châssis 4381 SA au Mans puisque lors des essais préliminaires d’avril, Mike Parkes,  qui montera sur la troisième marche du podium à l’issue de la course avec l’écurie officielle du cheval cabré, est devenu le premier homme à franchir la barre des 300 km/h (302 km/h) dans la ligne droite des Hunaudières avec ce châssis. Le Britannique, associé à Lorenzo Bandini, avait en revanche endommagé le réservoir lors des 12 Heures de Sebring, première sortie de la voiture, provoquant l’abandon.

La carrière du châssis 4381 SA sera des plus courtes car dès l’automne 1963, il est vendu à une société de production de films italienne qui décide de le transformer en spyder et de le repeindre en noir et or pour les besoins du court métrage "Histoires extraordinaires" de Federico Fellini, sorti en 1968. Ce n’est qu’en 1978 que son nouveau propriétaire italien demandera aux ateliers de Medardo Fantuzzi de lui rendre sa carrosserie d’origine. La belle Italienne traversera ensuite la Manche, détenue un temps par Harry Leventis. Le père de Nick Leventis, victorieux de la catégorie LM P2 aux 24 Heures du Mans en 2010, engagera la Ferrari 330 LMB, notamment, à Le Mans Classic, au Festival of Speed de Goodwood et au Tour Auto avant de la revendre.

Le châssis 4381 SA, dont l’estimation n’a pas été dévoilée, devrait une nouvelle fois changer de propriétaire cette semaine sous le marteau de la société Rick Cole Auctions.

Photo (crédit : D.R. Archives ACO) : La Ferrari 330 n°9 abandonnera au cours des 24 Heures du Mans 1963.

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