Lorsque vous avez effectué vos premiers tours sur le circuit, quelle a été votre réaction ?

« Lors des trois premiers tours, je me suis demandé ce que je faisais là. C’est un circuit très spécial qui n’est pas permanent. Il est très bosselé et rapide. Mon premier tour était purement une découverte car il n’y avait pas de journée test d’organisée en amont de la course cette année. Je me suis dit que ça allait être dur. Une fois cette réflexion passée, on prend le rythme et on se sent bien dans la voiture. Après une dizaine de tours, j’avais le sourire aux lèvres. J’étais vraiment heureux d’être là et j’ai compris la magie du Mans. »

Avez-vous trouvé des similitudes entre votre F2 et la Rebellion R13-Gibson ?

« Il y a très peu de similitudes entre la F2 et la Rebellion. Ce sont deux voitures différentes à conduire. La plus grosse différence concerne l’endurance des pneumatiques. La Rebellion est équipée de pneumatiques Michelin avec lesquels nous pouvons réaliser trois à cinq relais d’affilée sans remarquer de grosse dégradation. C’est une chose à laquelle je ne suis pas habitué. La Rebellion est aussi plus rapide dans les virages rapides. En revanche, dans les virages lents, la F2 étant plus légère, elle est plus réactive et possède une meilleure adhérence mécanique. »

Votre papa a participé aux 24 Heures du Mans a plusieurs reprises. Quels conseils vous a-t-il donné ?

« Avec les neuf participations de mon papa, j’ai grandi au Mans. J’ai assisté à ses deux victoires de catégorie. J’ai connu le sport automobile par l’endurance. La magie des 24 Heures du Mans est ancrée en moi et j’ai toujours voulu participer à cette course. Quand on m’a donné l’opportunité d’y prendre part, à 23 ans et en LMP1, je n’ai pas réfléchi deux secondes. C’est une expérience qui, je l’espère, me servira beaucoup pour le futur. Mon père m’a parlé du trafic, de la nuit et du fait qu’il s’agit d’une course d’endurance et pas de sprint. Avec mon coéquipier Romain Dumas, il m’a aidé à me préparer au mieux. »

Vous avez eu l’honneur de piloter la voiture lors de l’Hyperpole. Comment avez-vous vécu ce moment ?

« C’était vraiment une confiance de l’équipe. Les consignes étaient claires pour nous. Nous savions que la Toyota TS050 Hybrid était plus rapide alors il fallait placer notre voiture dans le top quatre devant l’Enso CLM P1/P01-Gibson de ByKolles Racing Team. Mon tour a été annulé car j’ai dépassé les limites de la piste. Malgré ça, nous étions facilement dans le top quatre et nous étions très proches de la Toyota #8. Je pense que j’ai rempli ma mission. C’était un honneur de pouvoir rouler sur cette piste sans trafic, avec des pneus neufs et une quantité d’essence limitée. »

Quelle phase de la course avez-vous préféré ?

« J’ai beaucoup roulé de nuit et j’ai également franchi la ligne d’arrivée. J’ai vraiment apprécié piloter de nuit. Il faut être très concentré pour assurer une bonne gestion du trafic. L’impression de vitesse est plus grande que de jour. C’est là qu’il y a de l’action. J’ai malheureusement heurté un lièvre et ça a abimé le pare-chocs de la voiture. Nous avons perdu un peu de temps mais ce sont des choses que je n’avais jamais vécu auparavant. C’était une très bonne expérience. »

Terminer quatrième pour vos premières 24 Heures du Mans, est-ce une satisfaction ou une déception ?

« Avoir terminé la course est une satisfaction. Cette quatrième place est une déception car nous étions vraiment bien partis pour monter sur le podium. Malheureusement un problème d’embrayage depuis six heures du matin nous faisait perdre beaucoup de temps. Nous avons également rencontré des problèmes de freins. Lors de la dernière heure, j’ai légèrement touché le mur au virage d’Indianapolis. Les mécaniciens ont réparé la voiture. Malgré ça nous étions toujours en lice pour la troisième place mais au moment de redémarrer, nous n’avons pas pu repartir et c’est ce qui nous a forcé à rentrer la voiture dans le stand pour effectuer une purge de l’embrayage. Là, nous avons perdu beaucoup de temps et le podium. C’était très décevant pour l’équipe et mes coéquipiers. Ce n’était pas facile à vivre pour moi qui était dans la voiture mais il faut dédramatiser car ce sont des choses qui peuvent arriver en fin de course. J’espère revenir au plus vite pour monter sur le podium. »

Quelles sont vos ambitions à plus long terme en Endurance ?

« J’espère qu’on me reverra aux 24 Heures du Mans. C’est mon but. J’ai un rêve, c’est de gagner cette course. L’endurance n’est pas un plan B pour moi. Bien entendu, j’ai toujours aimé la monoplace mais j’ai l’ambition de revenir en endurance. La nouvelle catégorie Hypercar m’intéresse beaucoup. Je cherche clairement à l’intégrer pour aller chercher des victoires au classement général avec de grandes équipes. »

Rappelons que Louis Deletraz est âgé de 23 ans. Il participe au Championnat du Monde de F2 avec l'équipe Charouz Racing System. Pour les 24 Heures du Mans, il faisait équipe avec Nathanaël Berthon et Romain Dumas. 

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