24 Heures du Mans 1949, une exposition du Musée des 24 Heures, au croisement des époques
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24 Heures du Mans 1949, une exposition du Musée des 24 Heures, au croisement des époques

L’inauguration de l’exposition du Musée des 24 Heures consacrée à l'édition 1949, année de la renaissance de la course après une décennie d’interruption, a salué une édition singulière, en trait d’union des premières années et d’une légende à réinventer. Regards croisés en compagnie de Fabrice Bourrigaud, Directeur du Musée des 24 Heures et du Pôle Culture & Héritage de l’ACO, et d’un spectateur de 1949 devenu par la suite commissaire. Cette exposition est programmée jusqu'au 19 mai 2019.

« Les 24 Heures du Mans 1949 seront un spectacle majeur et unique au Monde. » Ces mots, en exergue de l’exposition, sont de Christian Pineau, député de la Sarthe et ministre des Transports dans le gouvernement du Président de la République Vincent Auriol en 1949. La présence de ces deux personnalités lors de cette édition des 24 Heures est d’ailleurs un indicateur fort, à la fois pour la reconnaissance de la détermination de l’ACO à relancer les 24 Heures du Mans, et aussi de la volonté d’en faire le fleuron de la renaissance de l’industrie automobile en France après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

« Il faut saluer l’abnégation et la force de caractère des dirigeants de l’ACO pour faire renaître les 24 Heures du Mans. C’est ainsi qu’après la Libération en 1944 et la fin de la guerre en 1945, l’ACO crée dès 1946 un règlement pour organiser à nouveau les 24 Heures du Mans en 1947 et 1948 », ajoute Fabrice Bourrigaud, Directeur du Musée des 24 Heures et du Pôle Culture & Héritage de l’ACO. Les fac-similés de ces deux règlements sont d’ailleurs présentés aux visiteurs en guise d’introduction à l’exposition. Dans son allocution d’inauguration, le Président de l’ACO Pierre Fillon a également rappelé le soutien de l’ACO aux prisonniers de la Seconde Guerre Mondiale et celui venu du Royaume-Uni après le conflit pour la renaissance de la course, par l’intermédiaire du BRDC (British Racing Drivers’ Club) et du pilote britannique Woolf Barnato, premier triple vainqueur des 24 Heures.

1949 avait vu également la parution d’un ouvrage retraçant l’histoire des éditions disputées pendant l’entre-deux Guerres, signé par deux pilotes ayant participé à la course, Roger Labric et Géo Ham (qui a également réalisé pour ce livre de superbes portraits). Ses pages se dévoilent sur un écran aux yeux des visiteurs. Cette publication coïncide avec l’une des éditions les plus insolites de l’histoire des 24 Heures. « C’est la véritable alchimie de nombreux facteurs, poursuit Fabrice Bourrigaud. Le plateau était unique, avec à la fois des modèles d’avant-guerre et d’après guerre, des voitures avec dix ans – voire plus – d’écart dans la conception, ce qui ne se reproduira jamais dans l’histoire des 24 Heures. Et la victoire de Ferrari, une marque qui n’a que deux ans d’existence et qui va devenir la plus célèbre de toutes. Cette édition est aussi symbolique par la victoire de Luigi Chinetti, seul pilote de l’histoire à avoir remporté les 24 Heures avant et après la Seconde Guerre mondiale, avant de devenir un animateur régulier en tant que patron d’écurie, et aussi de faire don d’un exemplaire de la Ferrari 166 MM victorieuse en 1949 au Musée des 24 Heures. Par cette alchimie, 1949 représente selon moi un grand cru dans l’histoire des 24 Heures du Mans. »

Outre cette 16 MM, la présence d’une autre voiture est une source particulière de fierté pour Fabrice Bourrigaud : « La Delahaye 135 S représente parfaitement l’esprit de cette exposition. C’est une marque mythique de l’histoire automobile française, victorieuse aux 24 Heures du Mans. La 135 S avait été conçue avant la guerre pour gagner Le Mans et aurait probablement signé une ou deux victoires supplémentaires si la Seconde Guerre mondiale n’avait pas eu lieu. »   

L’esprit des 24 Heures du Mans 1949 s’est également incarné d’une autre manière, très amicale. Pour ouvrir cette soirée, Fabrice Bourrigaud a amicalement « fait l’appel », parmi les personnes présentes, de celles qui ont assisté aux 24 Heures 1949. Une petite demi-douzaine de mains se sont alors levées, notamment celle d’André Thuard, jeune spectateur voici 70 ans et aujourd’hui commissaire « jeune retraité ». En 1949, il avait neuf ans. « La France se relevait des années de guerre et de misère et pour moi, qui jouais avec des petites voitures, être sur le circuit des 24 Heures me fascinait, je n’avais pas assez d’yeux pour tout voir, s’enthousiasme-t-il. Depuis 1949, je n’ai manqué que deux éditions, en 1961 et 1962, car j’étais sous les drapeaux en Algérie. Après mon retour à la vie civile en 1963, je suis allé voir un ami qui était commissaire au poste 8, sous la passerelle Dunlop. Et il m’a dit :’’puisque tu aimes les voitures, viens donc nous rejoindre en tant que commissaire’’. »

Ainsi, André Thuard a vu défiler près de cinq générations de pilotes et de voitures sur le circuit des 24 Heures. Si, en tant qu'ancien collaborateur de la maison Renault, il avoue une prédilection pour le succès de la Renault-Alpine de Didier Pironi et Jean-Pierre Jaussaud en 1978, mais aussi du pilote constructeur manceau Jean Rondeau en 1980, il précise toutefois que « chaque vainqueur a son mérite. Parmi eux, Paul Frère (victorieux en 1960. Ndlr) était un homme d’une remarquable discrétion, avec aussi une formation d’ingénieur et une très belle plume, car ses écrits techniques faisaient autorité. J’aimais aussi beaucoup la prononciation anglaise, comme Duncan Hamilton et Aston Martin. Et la Jaguar Type D est pour moi une des plus belles voitures de l’histoire des 24 Heures, comme la Ferrari P4 ou encore la Porsche 917, les Ford GT40… Ces voitures ont marqué leur époque et cette évolution continue encore aujourd’hui. » Avec toujours, de 1949 à aujourd’hui, ce subtil équilibre entre un fabuleux héritage et une légende qui n'a de cesse de se réinventer.

 

Photo (Jean-René Roger / ACO) : Cinq exemplaires de la Delahaye 135S, victorieuse des 24 Heures du Mans en 1938, étaient au départ en 1949. L'une d'entre elles à terminé dans le top 5 de cette 17e édition, aux mains des Français Pierre Meyrat et Robert Brunet (cinquièmes). L'exemplaire présenté dans le cadre de l'exposition du Musée des 24 Heures a disputé la course avant (1937-38-39) et après (1949) la Seconde Guerre mondiale.

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