24 Heures Camions – Suivez la guide, suivez la pilote Steffi Halm à 160 km/h
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24 Heures Camions – Suivez la guide, suivez la pilote Steffi Halm à 160 km/h

Steffi Halm, 35 ans, ou plutôt Stéphanie Halm, Steffi est son nom de « piste » lorsqu’elle enfile combinaison et passe son casque, est pilote de course… camions, engagée dans le très sélectif et relevé Championnat d’Europe des Camions de la FIA. Allemande, elle a commencé comme beaucoup par le karting, à 9 ans, avant de passer à la monoplace puis au GT.

« Je ne connaissais pas du tout la compétition camions, je n’y avais même jamais songé jusqu’à ce qu’en 2011, une équipe située pas très loin de là où je vivais, vienne me trouver pour un test. J’ai souri, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre. Je me suis retrouvée direct à Misano, en Championnat d’Europe, sans avoir bouclé un km en test, ni même sur un parking ; J’avais juste préparé mon siège, ma position de conduite. Je ne connaissais rien au pilotage d’un camion, ses spécificités comme le refroidissement des freins, la boîte de vitesses. Même le circuit, je ne le connaissais pas. Ou en tout cas pas dans ce sens-là. Comparer la conduite d’une voiture de course et celle d’un camion est impossible. Vous avez les notions de réglages ou de ressenti par rapport à du sous virage ou du sur virage, qui sont des bases, mais pour le reste rien. Comme le calendrier me permettait de poursuivre la compétition en auto, j’ai fait les deux. J’ai appris mais je dois reconnaître que ce n’était pas facile, car je n’avais pas un camion au top, au sens où mon moteur n’était pas l’un des plus puissants, j’étais souvent en fond de grille ; En 2013, j’avais décidé d’arrêter quand un Français, l’un des patrons de Lion Truck, qui avait dans son équipe, un mécanicien qui avait travaillé avec Fabien Calvet, m’a invité pour un essai à Nogaro. J’ai fait l’essai et j’ai participé au Championnat de France avec cette équipe. Cela a été une expérience très riche, nous avons appris tous ensemble. »

Aujourd’hui, Steffi Halm et son Iveco #44 se bat pour décrocher une 3e place au classement général du Championnat d’Europe Camions de la FIA.

"Le camion qui est devant nous, qu’il soit piloté par une fille ou un garçon, peu importe. Ce que nous voulons tous, c’est dépasser ce camion devant"
Steffi Halm, Team Schwabentruck

« Notre discipline est peu connue mais extrêmement populaire. Ainsi, en Allemagne, à plusieurs reprises, la course de camions du Nürburgring se disputait en même temps ou presque que le GP de F1 à Hockenheim, et bien nous attirions plus de spectateurs au Nürburgring que la F1 à Hockenheim, mais bien évidemment dans le monde, la F1 est davantage connue. Quand j’explique à des gens qui ne connaissent pas mon sport, ils demandent : vous courez avec les camions, comme sur la route ? Je leur donne le poids : plus de 5 tonnes, et ma vitesse : 160 km/h, ils sont impressionnés. Imaginez quand je leur dis que nous pourrions aller bien plus vite, à plus de 200 km/h. Ce sont des raisons de sécurité qui font que nous ne dépassons pas les 160. Là, ils sont plus qu’étonnés. Ce qui me fait plaisir, quand je discute avec le nouveau public, c’est que la plupart du temps, ceux qui viennent pour la première fois sont enthousiastes : ils veulent revenir car ils ont adoré voir le sport, les nombreuses actions en piste, les dépassements, les contacts. En fait, c’est le sport mécanique, comme on pouvait le voir il y a 20 ans, avec des passes d’armes, parfois rudes et solides. C’est ce que les gens aiment toujours. »

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Seule fille en Championnat d’Europe des Camions de la FIA, Steffi Halm se sent elle seule ? « Je suis pilote. Pas une fille ou un garçon. J’ai été très bien accueillie à mon arrivée dans la discipline. Je respecte mes concurrents et ils me respectent. Le camion qui est devant nous, qu’il soit piloté par une fille ou un garçon, peu importe. Ce que nous voulons tous, c’est dépasser ce camion devant. »

Au Mans, Steffi a déjà dessiné sa feuille de route : « Je veux finir sur le podium des 24 Heures Camions car je vise une 3e place au Championnat d’Europe (une dernière manche se disputera après Le Mans, à Jarama, en Espagne). Pour cela, je dois décrocher une première ligne ou presque en qualifications. L’exercice est délicat : il se déroule en deux parties et nous ne disposons que d’un train de pneumatiques. C’est là toute la complexité : c’est un dosage, un compromis pour ne pas trop taper dans ses pneus et en même temps être suffisamment rapide pour se positionner dans le top dix qui vous permet d’être retenu pour la superpole. Or si vous avez trop tapé dans vos pneus, ils ne vont plus être assez efficaces pour la superpole et vous ferez un chrono décevant. Et si vous ne tapez pas assez dedans vous n’êtes pas assez rapides et n’êtes pas retenus pour la superpole. L’exercice de la qualification n’est pas chose aisée ! Mais la qualification décide de votre place sur la grille et sur certains circuits, il est compliqué de dépasser au départ ! Alors plus vous êtes haut sur la grille mieux c’est. Voilà pourquoi, en arrivant concentrée à 100% au Mans, je veux d’entrée réaliser de bonnes qualifications. »

Le Mans est avec le Nürburgring, un de ses tracés favoris. « C’est le circuit idéal pour la compétition : des virages lents, des virages rapides. Il est large, on peut évoluer à 4 camions de front, un gage de spectacle » ,conclut la pilote, qui s’est déjà imposée au Mans, en 2016.

Pour les passes d’armes à quatre de front sur le Bugatti, gageons que Jochen Hahn, quintuple champion d’Europe, Antonio Albacete, double champion d’Europe, ou encore Norbert Kiss, double champion d’Europe, entre autres, seront de rudes concurrents.

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