Toyota, la maudite
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Toyota, la maudite

25 ans après la victoire surprise de Mazda, rien ne semblait pouvoir empêcher Toyota de devenir le deuxième constructeur japonais à s’imposer aux 24 Heures du Mans... Et pourtant.

Scénario hollywoodien aux 24 Heures du Mans : à sept minutes de l’arrivée, la Toyota n°5 est entrée dans l’avant dernier tour avec une très confortable avance de 1'14" sur la Porsche n°2. Et puis, l’incroyable s’est produit quand la voiture de tête s’est immobilisée sur la ligne d’arrivée alors qu’elle entrait dans son ultime tour.

"On rêvait de remporter cette course, racontait à l’arrivée Hugues de Chaunac, le patron de l’équipe française Oreca associé à Toyota depuis 2012 et qui avait connu l’ivresse de la victoire avec Mazda en 1991. On avait aussi un cauchemar, celui de casser à une heure de l’arrivée. Mais pas dans le dernier tour. C’est d’une cruauté totale. On n’arrive pas à réaliser. Nous y étions. Cette course est tellement difficile à gagner. Même le grand patron de Porsche est venu nous voir pour admettre qu’il ne méritait pas cette victoire."

Ainsi soit-il. Le Mans se refuse toujours à Toyota, en dépit de 44 engagements infructueux ponctués de cinq 2e places (1992, 1994, 1999, 2013, 2016) et de plusieurs courses perdues en vue de l’arrivée, comme en 1994 quand la victoire s’était échappée à moins de 2 heures du but pour un problème de tringlerie de boîte de vitesses, ou en 1999 quand la GT-One donnée favorite avait laissé s’échapper la victoire sur une crevaison dans la dernière heure de course. L’histoire s’est répétée cette année, en pire.

Cette victoire tant espérée, Toyota avait commencé à la construire hier dès le départ en négociant parfaitement le début de course donné sous une averse mémorable. Profitant des ennuis accablant les Audi n°7 et 8 ainsi que ceux de la Porsche n°1, le camp Toyota se retrouvait rapidement en position dominante avec deux voitures en course pour la victoire, contre une seule pour Porsche et aucune pour Audi. Une première alerte retardait l’équipage de la n°6 qui restait quelques minutes dans son box suite à une sortie de piste de Kamui Kobayashi au virage du karting. La n°5 prenait alors le relai en tête et profitait d’une consommation inférieure pour accomplir deux arrêts de moins que la Porsche n°2, se construisant un avantage de plus d’une minute. De quoi se laisser rouler vers une victoire facile… Croyait-on. Car si la consigne de baisser le rythme était bien donnée à Kazuki Nakajima en vue de l’arrivée, celui-ci ralentissait plus que de raison en conséquence d'une subite perte de puissance de son V6 turbo, jusqu’à l’arrêt total à l’entrée du dernier tour. La voiture parvenait finalement à franchir la ligne d’arrivée, mais le temps nécessaire pour y parvenir dépassait la limite de 6 minutes autorisée et rejetait la voiture hors des feuilles de classements.

A l’arrivée, même le vainqueur Romain Dumas avait du mal à laisser exploser sa joie. "Evidement, nous ne refusons pas la victoire, mais nous sommes tristes pour Toyota", lâchait le pilote Porsche. Même triomphe modeste dans le stand Audi où l’on savourait une 18ème année consécutive de présence sur le podium. Retardée par divers problèmes (turbo, porte, système hybride) les deux R18 n’ont jamais été en mesure de jouer le moindre rôle dans la course. A quelques minutes de l’arrivée, le Docteur Ullrich affirmait que ses troupes reviendraient plus fortes l’année prochaine.

Tirer les bonnes leçons de ses échecs, c’est généralement l’attitude à avoir quand on perd. Mais comment demander mieux à Toyota tant la prestation de l’équipe a été parfaite pendant 23 heures et 56 minutes ?

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