Steve Tarrant, commissaire de piste au Mans : la passion plus forte que le handicap…
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Steve Tarrant, commissaire de piste au Mans : la passion plus forte que le handicap…

Compte Twitter : legless marshal, soit commissaire sans jambe. Un handicap assumé, résultat d'un accident à Goodwood en 2000. Pourtant, la passion pour le sport automobile et les 24 Heures du Mans intacte, Steve Tarrant a continué à se porter volontaire chaque année afin d'assurer la sécurité des autres avant de prendre une retraite bien méritée en 2017.

Tenaillé par la passion du sport automobile depuis sa plus tendre enfance lorsqu'il allait sur les circuits britanniques de stock-car avec ses parents (c'est dans cette discipline qu'a débuté Nick Tandy, victorieux des 24 Heures du Mans en 2015), Steve Tarrant a d'abord assouvi sa passion en tant que spectateur, en F1 puis aux 24 Heures du Mans : "Je suis allé au Mans pour la première fois en 1983, le début d'une longue histoire d'amour qui dure encore ! Au début des années 90, j'ai commencé à m'impliquer en karting. A l'époque, je cumulait deux emplois : ingénieur en informatique le jour et officiel sur les pistes de karting le soir et le week-end. De fil en aiguille, le karting m'a emmené vers les courses automobiles, du super-tourisme aux événements historiques de Goodwood."

Las, le 24 juin 2000, lors du Festival of Speed de Goodwood, un concurrent perd le contrôle de son bolide sur la ligne d'arrivée et fauche deux commissaires : Andy Carpenter perd la vie et Steve Tarrant perd une jambe. Débute alors un long processus de reconstruction entre séjours à l'hôpital, opérations chirurgicales et rééducation. Toutefois, la volonté de revenir sur les circuits taraude Steve Tarrant, même si beaucoup pensent que ce n'est pas une bonne idée. Lord March, propriétaire et fondateur des événements historiques de Goodwood, l'invite au Goodwood Revival en septembre 2000 : "Je pense qu'il voulait tester mes nerfs. J'avais visionné les images de l'accident, mais je ne savais pas trop comment j'allais réagir sur place. En fait, le virus du sport automobile n'avait pas disparu et je n'ai eu qu'une envie : redevenir commissaire."

Au grand dam de quelques esprits chagrins qui ne voyaient pas d'un bon œil l'intervention d'un commissaire en fauteuil roulant, l'examen de passage est réussi : la présence de Steve Tarrant à Goodwood n'a pas réveillé les mauvais souvenirs et il sait qu'il peut encore être utile en bord de piste même s'il doit attendre d'être physiquement apte. En 2002, la nouvelle de son retour étant arrivée aux oreilles de Bernard Nirrengarten. Le chef du poste 106, situé entre le virage d'Arnage et les virages Porsche du circuit des 24 Heures, lui envoie un courriel pour l'inviter à intégrer son équipe. La première épouse du Britannique étant commissaire aussi, ils décident tous deux de se rendre dans la Sarthe en 2003 pour observer le travail des commissaires. Et là, 20 ans après sa première visite, Steve Tarrant replonge ! "Je n'ai manqué qu'une seule édition des 24 Heures du Mans, en 2005, pour raisons médicales. Je suis resté fidèle en tant que commissaire de piste au poste 106 où pas moins de neuf nationalités parlant cinq langues se côtoyaient dans la joie et la bonne humeur."

Malgré le fauteuil roulant, Steve Tarrant ne demande aucun régime de faveur et les premières années, c'est sous la toile de tente qu'il dort pendant les huit jours que dure la course. Si c'est avec plaisir qu'il troque ensuite la tente pour un motorhome, il ne regrette pas l'esprit bon enfant qui régnait au sein de la petite tribu qui se réunissait dans la grange d'un riverain accueillant : "Ce qui me plaît le plus dans la fonction de commissaire, c'est la camaraderie. Entre les bénévoles bien sûr, mais au fil des années, j'ai aussi fraternisé avec des pilotes, des écuries, des officiels… Le Mans est vraiment une grande famille !"

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De gauche à droite : Steve Tarrant au Goodwood Revival 2017 avec Tom Kristensen et Derek Bell (Louis Monnier / ACO) et Steve Tarrant à Petit Le Mans, Road Atlanta (Georgie), en 2013.

Une grande famille que Steve Tarrant a néanmoins quittée en juin dernier, deux ans après avoir été appelé à officier comme commissaire de stands, pour une retraite bien méritée, célébrée lors du Goodwood Revival en septembre dernier. Le résident du sud de l'Angleterre entend s'occuper un peu de lui après tant d'années passées à veiller sur les autres. Enfin presque ! Très actif dans le milieu associatif venant en aide aux personnes à mobilité réduite, il aimerait aussi continuer à transmettre sa passion du sport automobile aux jeunes et les amener à se porter volontaire pour devenir commissaire : "Les jeunes passent beaucoup de temps sur leur ordinateur ou sur leur téléphone, mais j'essaie de leur montrer que rien ne remplace les relations humaines. S'il est légitime d'être payé pour accomplir un travail, le bénévolat insuffle un esprit de camaraderie qu'on ne trouve nulle par ailleurs."

Et des ailleurs, Steve Tarrant en a visités ! De Silverstone à Road Atlanta (trois éditions de Petit Le Mans à son actif), aux Etats-Unis, en passant l'Afrique du Sud, Laguna Seca, en Californie, ou Le Mans. "Exercer sur des circuits différents dans des pays différents permet d'échanger idées et pratiques, même si force est de constater que l'évolution est la même partout. Les nouvelles technologies ont fait évoluer la fonction de commissaire, tout comme la professionnalisation du sport automobile a fait évoluer les mentalités des pilotes et des écuries. Il fut un temps où passer la ligne d'arrivée au Mans relevait de l'épopée. Aujourd'hui, les 24 Heures du Mans sont devenues un sprint de 24 Heures. Mais ma passion est toujours aussi forte…"

Le "commissaire sans jambe" devrait pouvoir assouvir une nouvelle fois sa passion lors de la 86e édition des 24 Heures du Mans les 16 et 17 juin prochains avec de nouvelles aventures qu'il vous fera partager…

Photo (Louis Monnier / ACO) : Steve Tarrant au Goodwood Revival en septembre 2017.

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