Pagenaud : "Les 24 Heures du Mans m'ont beaucoup appris''
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Pagenaud : "Les 24 Heures du Mans m'ont beaucoup appris''

Dimanche soir, Simon Pagenaud s’élancera en pole position des 500 Miles d’Indianapolis (12h45 à Indianapolis, 18h45 à Paris). En l’espace de plus de 100 ans, il est le 2e français à accomplir cet exploit (après Jean Chassagne en 1914 sur Sunbeam) ). En 2011, il lui avait manqué quelques treize secondes pour s’imposer aux 24 Heures du Mans, au volant de sa Peugeot 908, partagée avec Sébastien Bourdais et Pedro Lamy. Pilote, amateur de protos d'endurance comme de monoplaces, il avoue un attachement particulier aux épreuves mythiques comme les 500 Miles d’Indianapolis et les 24 Heures du Mans qu'il a disputées à quatre reprises. Il raconte comment ces deux épreuves légendaires se vivent. Avant de les gagner….?

Sur le temple de la vitesse, l’ovale d’Indianapolis, qu’il a dompté dimanche dernier en réalisant une somptueuse pole position, avec quatre tours bouclés « sur une fusée », Simon Pagenaud, pilote Penske, reste réaliste : « Comme au Mans, la pole position est symbolique. Pendant une journée, pour le monde, je reste l’homme le plus rapide à Indianapolis 500, cela permet de faire le buzz pendant un jour, mais la pole position, à Indy ou au Mans, ne garantit en rien un résultat en course, le dimanche. J’ai pris un plaisir fou, avec une voiture super bien réglée, tant en puissance qu’en aérodynamique, où je n’avais que très peu à tourner le volant, avec une machine qui glissait dans l’air. C’était magique. Le plus difficile était d’assister aux performances des autres et d’attendre leurs résultats.» 

En 2010, Simon Pagenaud avait connu les joies et honneurs de la pole position aux 24 Heures du Mans, avec ses équipiers Bourdais (qualifié en 7e position à Indy d’ailleurs) et Lamy. «En course automobile, trois circuits émergent et sont considérés comme des légendes : Indianapolis, Le Mans et Monaco. Aussi y signer la pole position revêt forcément une émotion très grande. Au Mans, l’émotion est partagée, donc elle reste très différente. En Indycar, tout repose sur toi. En Endurance, les responsabilités sont portées par plusieurs.»

Comme les 24 Heures du Mans, les 500 Miles d’Indianapolis ne se limitent pas à une course, mais plutôt une semaine voire quinze jours de festivités autour de l’événement. Après sa pole position, Simon Pagenaud, champion d'Indycar 2016, a voyagé en Amérique pour faire la promotion de sa discipline, il s’est rendu à Saint-Louis dans le Missouri avant de retrouver Indianapolis pour différentes activités, parades, derniers réglages de la voiture. Dimanche, lors de la cérémonie de départ des 500 Miles d’Indianapolis et de ses multiples et fastueux rites et rituels,  comment sera-t-il ? Tendu, nerveux, concentré ? « Les 24 Heures du Mans m’ont beaucoup appris à ce propos. Au Mans, la cérémonie de départ, la procédure de départ sont aussi intenses et spectaculaires, elles mobilisent énergie et concentration. Durant mes premières participations, je me coupais, je me mettais des œillères comme pour les chevaux, je ne voulais pas me laisser gagner par ce qu’il se passait autour de moi. Et puis, l’expérience au Mans m’a appris à transformer nombre de choses en positif. Aujourd’hui, je profite pleinement d’instants comme ceux-là. Je m’imprègne désormais de cette énergie qui se dégage pendant la cérémonie, avec le public aussi… Le pilote que je suis actuellement a évolué grâce au Mans (il a couru quatre éditions). »

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Intellectuellement et physiquement, comment se prépare-t-on à une course de 24 Heures, dans une machine que l’on partage avec deux autres pilotes, et disputé sur un très long circuit (plus de 13 km) avec quatre catégories de machines différentes,  par rapport à un sprint sur ovale de plus de 2 heures, exécuté à des vitesses vertigineuses, face à une meute de professionnels et d’experts souvent de l’exercice ?

‘’Le pilotage d’une monoplace à Indianapolis est extrêmement compliqué et stressant, car il s’agit d’être toujours à la limite du décrochage, de comprendre le vent, les flux, en regardant toujours la course devant soi et derrière soi. En concentration, c’est très exigeant, mais c’est un flot, comme une valse toujours sur le même rythme.

Au Mans, c’est physiquement que l’épreuve est difficile. Tout y est plus brutal, avec des à coups, dans un cockpit fermé où tout va vite devenir douloureux, car ton siège n’est pas exactement moulé pour toi, comme c’est le cas dans ma monoplace. En Indycar comme au Mans, il faut savoir gérer le trafic, même si l’un est plus intense que l’autre. A Indy, je vais boucler le tour en 39 secondes, j’aurai parfois l’impression d’être un hamster qui tourne très vite, alors qu’au Mans, on a parfois l’impression qu’avec la voiture, on s’en va, on prend la route, et on est parti….(pour 13,626 km et des chronos de plus de 3’30’’ environ).

A Indianapolis, avec les tribunes tout autour, dans cet espace confiné, quand je passe à fond devant l’allée des stands, j’entends le moteur résonner entre les murs. Au Mans, tout est plus vaste. Pourtant, il y a un endroit au Mans,  qui peut faire penser à Indianapolis (ce n’est pas le virage d’Indianapolis ! ), ce sont les virages Porsche, car on ressent la vitesse atteinte dans un endroit restreint, entre des murs très proches, et où la faute est interdite sous peine de détruire sa machine….Aujourd’hui,  j’aborde ces 500 Miles d’Indianapolis, en pole position, de façon plus sereine,  car j’ai pris du recul, j’ai évolué dans mon métier de pilote. Je dois dire que les 24 Heures du Mans m’ont aidé, ont participé à cette évolution. »

Simon Pagenaud a fini 2e des 24 Heures du Mans en 2011, après une lutte intense et spectaculaire en piste (nos photos), avec l’Audi du trio Benoit Tréluyer Marcel Fässler et André Lotterer. Les dernières heures avaient été haletantes, notamment sa passe d’arme avec Benoît Tréluyer, roues contre roues ou presque.

Préfère-t-il le lait ou le champagne à l’arrivée ? le goût de la victoire seul, lui importe. Gageons que les deux breuvages récompensant respectivement le vainqueur à Indianapolis et celui au mans, le tentent, sans modération. Dimanche, sur l’ovale d’Indianapolis, Simon Pagenaud pourra compter sur les encouragements de Manceaux qui ont fait le voyage, le Président de l’Automobile Club de l’Ouest, Pierre Fillon.

Le dernier français à avoir gagné les 500 Miles d’Indianapolis est René Thomas, en 1914.

Le départ des 500 Miles d’Indianapolis sera donné dimanche à 18h45 (heure de Paris).  

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