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Quand le Dr Wolfgang Ullrich ouvre la boîte à souvenirs des 24 Heures du Mans…

Avec 13 victoires entre 1999 et 2016, les 24 Heures du Mans tiennent forcément une place à part dans le cœur du Dr Wolfgang Ullrich, désormais conseiller de l'Automobile Club de l'Ouest. Dans la Sarthe, l'ancien directeur d'Audi Sport a tout connu : bons et mauvais souvenirs, explosion de joie et angoisse, satisfaction du travail accompli et frustration…

Dr Ullrich, quelle est la plus belle des 13 victoires à vos yeux ?

"La première, en 2000, restera toujours dans mon esprit comme la plus belle, d'autant plus que nous n'espérions pas faire le triplé. Je me souviens encore avoir demandé à la radio aux pilotes de ralentir afin que les trois voitures franchissent la ligne d'arrivée ensemble. Comme c'était le début de l'aventure, la confiance entre les pilotes n'existait pas encore et celui avait course gagnée avait peur que le deuxième n'en profite pour le dépasser. J'ai donc dû rassurer le vainqueur qui a finalement compris qu'il ne risquait rien."

Quel est votre meilleur souvenir aux 24 Heures du Mans ?

"Sans hésiter la victoire de 2011. Nous avons gagné alors que nous avions perdu deux des trois voitures sur accident (Allan McNish puis Mike Rockenfeller, ndlr). Avant l'explosion de joie sur le podium, il y a eu l'angoisse lors de la sortie de route de Mike Rockenfeller. Craignant que la voiture n'explose, il s'est extrait très rapidement de l'auto et a sauté au-dessus de la barrière de sécurité. Lorsque les commissaires sont arrivés sur place, ils ont trouvé un cockpit vide. Comme Mike a été quelque peu secoué dans l'incident, il s'est assis, mais dans l'obscurité, les commissaires ne pouvaient pas le voir. Pendant plusieurs minutes, personne n'a su ni où il était ni s'il allait bien. L'expérience a été vraiment stressante. Quand tout le monde a été rassuré sur son état, ce fut vraiment un travail d'équipe car personne n'est allé au lit ! Mécaniciens, pilotes et ingénieurs des deux voitures éliminées se sont mis au service de la voiture rescapée. Nous avons tout donné car Peugeot ne lâchait rien. Au final, nous (Marcel Fässler / André Lotterer / Benoît Tréluyer, ndlr) avons franchi la ligne d'arrivée avec 13 secondes d'avance après 24 heures de course. Une magnifique victoire !"

Quel est votre pire souvenir aux 24 Heures du Mans ?

"L'édition 2016 car nous étions très compétitifs, mais nous avons connu des soucis de fiabilité inacceptables. Cela m'a fait d'autant plus mal que la situation était très inhabituelle pour Audi dont les voitures étaient réputées pour leur fiabilité et leur solidité."

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Une voiture a-t-elle particulièrement marqué votre esprit ?

"L'Audi R8 car elle a tout gagné, que ce soit en Europe, avec les Le Mans Series et les 24 Heures du Mans, ou aux Etats-Unis avec l'American Le Mans Series. Non seulement elle a tout gagné, mais c'est aussi l'une des voitures les plus victorieuses de tous les temps avec plus de 70 % de courses remportées (63 victoires sur 80 épreuves, ndlr). Elle est unique."

Même question pour un pilote…

"Si je vous donne un nom, je vais mécontenter une cinquantaine de pilotes (rires) ! Plus sérieusement, je répondrais Tom Kristensen car il n'a pas remporté les 24 Heures du Mans neuf fois et les 12 Heures de Sebring six fois par hasard. C'est une personne très spéciale."

Une personnalité qui sort du lot ?

"Je dirais Hugues de Chaunac. Bien qu'adversaires sur la piste, nous sommes restés amis avant et après la course."

Une image des 24 Heures du Mans ?

"J'en ai des milliers, mais la passerelle Dunlop est vraiment emblématique. La lumière à cet endroit permet de réussir de très belles photos."

Une édition à retenir ?

"L'année 2010 avec le triplé alors que nous étions loin d'être les plus rapides en piste. Peugeot était plus fort sur le papier, mais ils ont rencontré des problèmes de moteur. Lors de cette édition, nous sommes passés par tous les états : en début de course, nos espoirs de victoire étaient minimes et finalement, plusieurs heures avant la fin, nous étions seuls aux commandes."

Quel est le moment de la course que vous préférez ?

"L'arrivée car la victoire procure la satisfaction du travail accompli pendant un an. Enfin, encore faut-il gagner ! En 24 heures, tout peut arriver, donc quand on arrive au bout, cela signifie que nous sommes passés à travers les gouttes. La chance ne suffit pas pour s'imposer au Mans, mais il faut tout de même un peu de chance."

Quel est le moment de la semaine des 24 Heures du Mans que vous préférez ?

"Le départ ! On a l'impression que la semaine et surtout la journée du samedi, avec le warm-up qui nous oblige à nous lever tôt le matin, ne va jamais finir. Au départ, on peut enfin se dire : allez, on y va, on va faire notre boulot !"

Désormais de l'autre côté de la barrière, en tant que conseiller de l'ACO, pas sûr que la journée du samedi paraisse si longue au Dr Ullrich !

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