Marc Lieb, qui a disputé 11 fois les 24 Heures du Mans, a toujours été attiré par cette course, passion qui lui a été transmise par son père. « J’avais cinq ans lorsque je suis venu aux 24 Heures du Mans pour la première fois. C’était à l’époque des Porsche 956 / 962 officielles avec Hans Joachim Stuck et Derek Bell. Dans les années 80, mon père était un grand fan de Porsche et, pour nous, Le Mans représentait beaucoup. Pour pouvoir atteindre ce but, j’ai d’abord été nommé pilote Porsche Junior en 1998. Je suis passé par la Porsche Carrera Cup Allemagne puis la Porsche Supercup (qui se déroule en lever de rideau des Grands Prix de F1, ndlr) tout en restant focalisé sur mon deuxième objectif, devenir ingénieur. J’ai donc fait les deux choses en même temps : piloter et travailler. Venir et courir aux 24 Heures du Mans a été un rêve devenu réalité pour moi en 2003, j’en garde tellement de souvenirs. Ce fut un vrai privilège pour moi de disputer cette course. »

Un des premiers faits marquants de la carrière de Marc Lieb au Mans a été 2005. « Je suis un fan du Mans, alors remporter cette course en 2005 a été juste fabuleux ! C’est certainement l’une de mes plus grosses émotions, celle où j’ai pris le plus de plaisir aussi. Je partageais le baquet avec Mike Rockenfeller. Le gentelman qui était avec nous (Leo Hindery, Porsche 911 GT3-RSR engagée par Alex Job Racing, ndlr) n’a roulé que 45 minutes. Il faisait vraiment très chaud et faire Le Mans à deux a été difficile. Nous étions deux jeunes face aux pilotes Porsche officiels plus expérimentés, mais nous avons gagné. Ce fut un sentiment vraiment spécial. A partir de ce moment là, j’ai voulu gagner les 24 Heures du Mans au classement général. »

Le pilote allemand réédite le même exploit en 2010 en décrochant une nouvelle victoire en GT2 sur la Porsche 997 GT3-RSR de Team Felbermayr-Proton avec Richard Lietz et Wolf Henzler. Cependant, il n’y a pas eu que de bons moments pour Marc Lieb au Mans. « Je me rappelle des 24 Heures du Mans 2011. Cette année-là, il y a déjà eu l’accident de Mike Rockenfeller (Audi R18 TDI). Puis, au sein de notre équipe Team Felbermayr-Proton, la voiture sœur, la Porsche 997 GT3 RSR n°63 pilotée par Horst Felbermayr Sr, a eu un accident avec une des deux Corvette officielles (celle de Jan Magnusen, alors en tête de la catégorie LMPGTE Pro, ndlr). Ce fut vraiment une course difficile pour nous, pour moi. Je me souviens aussi de 2013 avec des sentiments très contrastés : une très grande tristesse suite à l’accident d’Allan Simonsen et la victoire de notre Porsche 911 RSR en LMGTE Pro (avec Romain Dumas et Richard Lietz, ndlr). C’était super pour la marque, super pour nous de gagner, mais ils nous étaient impossible de célébrer cette victoire. »

Après cette troisième victoire en GT au Mans, Marc Lieb se voit proposer le baquet de la Porsche 919 Hybrid. « J’ai toujours rêvé de piloter une LMP1. J’ai tout fait pour pouvoir être intégré dans ce programme : j’ai beaucoup travaillé, beaucoup progressé, perdu du poids et même changé mon mode de vie. Ca m’a pris beaucoup de temps et d’énergie, des sacrifices au niveau de ma famille. Quand j’ai gagné les 24 Heures du Mans en 2016, j’ai tout de suite su que ce serait ma dernière édition en tant que pilote. Je ne pouvais faire mieux que ça, j’avais atteint mon but ! A 15 minutes de l’arrivée, nous étions encore 2e, derrière la Toyota TS050 Hybrid. Je n’étais pas dans la voiture à ce moment là, mais je m’étais déjà dit que je ne pouvais pas mieux piloter que lors de cette édition. Du point de vue du pilotage pur, ce fut la meilleure course de ma carrière. »

En effet, Marc Lieb décide de raccrocher son casque fin 2016 après avoir remporté le titre de Champion du Monde des Pilotes en FIA WEC. « J’ai voulu me donner du temps pour ma vie et ma famille. Cependant, ma passion pour le pilotage est toujours là, mais désormais je peux choisir les courses que je veux disputer. Je suis allé à Bathurst il y a peu de temps, j’adore cet endroit et cette piste. » En 2017, le pilote allemand était présent aux 24 Heures du Mans non sans une certaine émotion. « Ca m’a fait bizarre d’être présent aux 24 Heures du Mans et de ne pas piloter. J’étais également présent lors de la Journée Test, accompagné de mes deux fils. Ce fut un superbe moment pour moi, émouvant (les larmes lui montent aux yeux). »

Désormais, la page pilote est tournée et une nouvelle vie s’offre à lui. « Je travaille maintenant pour Porsche. Le département client compétition et celui des ventes ont été un peu remodelés en 2017, avec un nouveau responsable, Uwe Brettel. Pour ma part, je suis désormais à la direction du département compétition client de la marque. Je suis en charge des ventes des Porsche GT3-R, GT4 ainsi que des Porsche RSR. Nous avons perdu un peu de terrain au niveau du GT3 ces dernières années et je dois améliorer ce point. Je travaille aussi sur les futures Porsche de compétition. C’est très intéressant et important car le service compétition client fait partie de l’ADN de Porsche. Il ne faut pas oublier que les premières victoires Porsche aux 24 Heures du Mans ont été signées par des clients. Nous avons chez Porsche la plus grande variété de voitures de course proposée à la vente à des clients. Nous avons énormément de clients, j’ai donc beaucoup de travail (rires). »

Photos : Porsche Porsche 997 GT3-RSR 2012 (abandon), Porsche 911 RSR 2013 (vainqueur en LMGTE Pro), Porsche 919 Hybrid 2016 (vainqueur).