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24 Heures du Mans - Alonso : « Un combat personnel contre une course emblématique »

Après un premier roulage en 2014, qu’il raconte de façon savoureuse, Fernando Alonso, double champion du monde de Formule 1, aborde ses premières 24 Heures du Mans avec humilité… et l’envie de réaliser un rêve.

Fernando, bienvenue. Vous êtes déjà venu au Mans en 2014 comme starter. Qu’éprouvez-vous à la perspective de courir ici cette année ?

« D’abord, je suis extrêmement heureux de revenir ici, cette fois au volant d’une voiture et pas seulement pour agiter un drapeau. J’avais très envie d’être dans ces autos. J’en ai enfin l’occasion et il me tarde d’être au départ de la course. Pour l’instant, nous commençons par la Journée Test. Je vais prendre la piste pour la première fois et je compte bien profiter pleinement de chaque seconde de ces premiers essais. »

Vous roulez ici pour Toyota, le favori de la course. Quel sentiment éprouvez-vous ?

« Il me semble que cette course est assez dure par elle-même. Toyota essaie depuis des années de la gagner et est passé tout près de la victoire à plusieurs reprises, sans parvenir à s’imposer pour le moment. C’est un vrai défi pour toute l’équipe que de courir contre Le Mans. Au fond, les adversaires ne sont pas uniquement les pilotes ; c’est un combat personnel contre cette course emblématique. Nous sommes aussi prêts que nous pouvions l’être grâce à un bon entraînement hivernal, les séances de simulateur etc. Espérons que cette fois sera la bonne. »

Vous avez évoqué la piste. Vous l’avez découverte à vélo : elle est assez longue. Qu’en avez-vous pensé ?

« En effet, elle est longue – pas comme celles auxquelles je suis habitué. Et ce n’est pas tout : elle est ouverte à la circulation. Du coup, j’ai été un peu surpris. Hier, quand ils ont dit : « on va aller faire le tour de la piste à vélo », je m’attendais à reconnaître la piste et à faire les inspections habituelles. Sauf que, à un moment, nous nous sommes retrouvés sur une route normale, au milieu d’un rond-point. Il fallait faire attention à la circulation… J’avais oublié un instant que la piste était ouverte à la vie quotidienne ordinaire. C’était intéressant, c’était long et, bien sûr, très différent du simulateur ou de ce à quoi on peut s’attendre. Donc, ça va être génial d’être dans la voiture, en course. »

Quels sont votre pilote ou votre équipe préférés dans la longue histoire du Mans ? Avez-vous des favoris ?

« Difficile à dire. Dans cette course de légende, il y a des voitures de légende qui font partie de l’histoire du sport automobile, comme Porsche. Elles ont littéralement dominé certaines éditions. Evidemment, Kristensen, avec ses si nombreuses victoires au Mans, fait aussi partie de l’histoire de notre sport. L’un de mes meilleurs amis, Antonio Garcia, court en GT et a gagné trois fois au Mans. J’ai donc des liens avec Le Mans, certains noms, certaines voitures etc. Espérons que, dans les années à venir, je gagnerai en précision et que j’aurai une bonne relation avec cette course. »

"Je suis sorti de la voie des stands sans savoir du tout où j’allais."
Fernando Alonso

Replongeons dans vos souvenirs. Vous avez roulé ici avec une Ferrari 512 S en 2014. Qu’aviez-vous ressenti ?

« J’en garde un souvenir assez bizarre. J’ai fait un tour à bord d’une vieille Ferrari. La voiture était amusante, c’est sûr, mais cela n’a pas été facile. A l’époque, je ne connaissais pas le circuit, je n’avais pas fait de simulateur ni rien. Je me rappelle seulement que je suis sorti de la voie des stands sans savoir du tout où j’allais. Je savais qu’il y avait des virages qui allaient arriver, mais ces longues lignes droites… je ne savais pas qu’elles étaient aussi longues. Comme il n’y avait pas de tribunes, je n’étais même pas sûr à 100% d’être effectivement sur la piste. Si ça se trouvait, j’avais pris un échappatoire et je ne roulais plus sur le circuit… Donc, je ne garde pas très bon souvenir de ce tour ; j’espère me faire plus plaisir cette fois. »

 

Vidéo en anglais, traduction ci-dessus.

 

J’imagine… Comme on le sait, l’endurance, c’est aussi rouler avec des coéquipiers. Avez-vous des conseils à leur donner ? En ont-ils pour vous ?

« Normalement, pour l’instant, ils doivent avoir plus de conseils à me donner que l’inverse. Je n’ai aucune expérience, donc j’essaie d’écouter tout le monde dans l’équipe. Nous avons aussi Alex pour nous aider. Il a gagné ici : l’expérience dont il peut nous faire profiter est précieuse. Pour l’instant, tout se passe au mieux avec Kazuki (Nakajima) et Sébastien (Buemi). L’équipe est extrêmement bien préparée et tous les ingénieurs, les mécaniciens et tout le staff ont une grande expérience de cette course, donc j’essaie d’apprendre de tout le monde. »

Pilote de Formule 1, double champion du monde, vous retrouvez ici d’autres anciens pilotes de F1. Vous allez sûrement tomber sur des têtes connues. Qu’est-ce que cela vous fait d’être ici ave certains de vos anciens adversaires de F1 ?

« C’est sûr, je retrouve beaucoup de visages familiers ici. Non seulement certains Espagnols, Antonio en particulier, mais aussi Seb, qui a couru en F1, Kazuki, Kamui (Kobayashi), Vergne - et bien sûr Jenson Button et Montoya. Nous sommes rookies tous les trois et nous allons faire de notre mieux pour nous faire plaisir autant qu’autrefois en F1. »

En endurance, il faut rester concentré en permanence car vous pouvez être appelé à sauter dans la voiture à tout moment. Vous y préparez-vous de façon spécifique ?

« Notre préparation est plutôt rigoureuse et l’équipe est suffisamment expérimentée pour que nous sachions ce que nous avons à faire. Cela dit, oui, nous nous efforçons de rester prêt à sauter dans la voiture à tout moment mais aussi à réagir à tout ce qui peut arriver, aux situations imprévisibles, aux Safety cars, à tout ce qui peut faire changer le plan. Bien entendu, aux 24 Heures, nous avons des temps de repos, de sommeil où nous essayons de nous mettre au calme et dans le noir pour nous déconnecter de la course. Des moments pour manger et boire, aussi, évidemment. Nous devons suivre une organisation assez stricte mais, comme je l’ai dit, nous faisons confiance à l’équipe qui sait quoi faire. »

Concernant les heures de roulage, en F1, vous avez couru de jour et de nuit, mais sur des pistes éclairées. Ici, ce sera autre chose. Qu’en pensez-vous ?

« C’est différent, et c’est un défi. Le pilotage de nuit, c’est autre chose. Les points de repères disparaissent. Par exemple, on peut regarder les tribunes, les arbres… et ils ne sont plus là. Il faut se concentrer un peu plus sur la route. Mais il n’y a pas que cela. Il peut aussi y avoir des mouvements inattendus dans le trafic… En effet, nous avons fait des tests de roulage de nuit à Portimao et à Aragon cet hiver, et je crois que ces circuits sont un peu moins éclairés que celui-ci, donc espérons que ce sera un peu plus facile. »

Vous parlez du trafic. Etes-vous prêt à dépasser les autres concurrents ? Avez-vous un plan déjà établi pour cela ?

« Je crois que cela vient avec l’expérience, vous savez. C’était la même chose à Spa. Les premiers tours, on essaie d’évaluer la différence de vitesse entre les voitures et d’anticiper les manœuvres que vous aurez à faire. Si vous voyez une voiture devant vous, à 200 m, peut-être, vous vous dites que la manœuvre sera à faire dans un ou deux virages. Ici, les séances d’essai vont avoir beaucoup d’importance. Ce week-end est donc crucial pour glaner ces informations, ces retours et ce jugement qui nous serviront pendant la course dans deux semaines. »

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