Quand Aston Martin se réinvente aux 24 Heures du Mans du XXIe siècle
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Quand Aston Martin se réinvente aux 24 Heures du Mans du XXIe siècle

CENTENAIRE DES 24 HEURES – HISTOIRES DE MARQUES ⎮ Le mitan des années 2000 a vu la véritable renaissance sportive d’Aston Martin, redevenue aujourd’hui une référence majeure des catégories GT aux 24 Heures du Mans, aux côtés de Porsche, Corvette et Ferrari.

Après avoir restauré le prestige de Ferrari en GT avec une victoire de catégorie pour la 550 Maranello aux 24 Heures du Mans 2003, David Richards, maître d’œuvre de ce projet avec sa structure Prodrive, se lance dans un projet encore plus ambitieux : redonner ses lettres de noblesse à Aston Martin, qui avait quasi disparu du circuit des 24 Heures depuis près de trente ans, à l’exception notable de quelques initiatives privées sporadiques.

Grâce aux enseignements acquis sur la Ferrari 550 Maranello (qui partage avec Aston Martin l’architecture du moteur avant), l’ingénieur George Howard-Chappell élabore à partir de la routière DB9 apparue en 2004 une version course rebaptisée DBR9. Celle-ci s’avère immédiatement compétitive dès sa première apparition en 2005, avec la neuvième place (et la troisième marche du podium de leur catégorie) pour David Brabham, Stéphane Sarrazin et Darren Turner. L’année suivante, trois DBR9 terminent dans le top 10 du classement général, aux sixième, neuvième et dixième places.

2005-2011 : du GT au prototype

En 2007, l’Aston Martin DBR9 remporte sa catégorie, avec la cinquième place du classement général pour David Brabham, Rickard Rydell et Darren Turner, auxquelles s’ajoutent la septième place de Christophe Bouchut/Kasper Elgaard/Fabrizio Gollin et la neuvième de Tomas Enge/Johnny Herbert/Peter Kox. Brabham et Turner doublent la mise en 2008, associés cette fois à l’espagnol Antonio Garcia (13e du classement général).

En 2009, Aston Martin passe en prototype dans la catégorie reine LMP1 de l’époque, avec un châssis Lola équipé du moteur V12 6 litres de la DBR9. Avec la décoration historique bleu ciel et orange de la compagnie pétrolière Gulf et une discrète référence à la calandre de la DBR9, cette voiture préfigure presque les Hypercars actuelles avec près de quinze ans d’avance, avec en outre le magnifique son aigu de son moteur, qui pourrait presque rivaliser avec la mélodie du V12 Matra des années 1970.

La Lola-Aston Martin termine quatrième en 2009 aux mains des tchèques Jan Charouz et Tomas Enge et de l’Allemand Stefan Mücke. L’année suivante, ce dernier est sixième, associé cette fois au mexicain Adrian Fernandez et au suisse Harold Primat. En 2011, l’équipe d’usine Aston Martin rencontre d’énormes difficultés avec son nouveau prototype AMR-One, dont le moteur six cylindres en ligne ambitionnait de ressusciter l’architecture de la DBR1 victorieuse en 1959. Mais le coupé Lola-Aston Martin reste fiable : l’exemplaire engagé par l’équipe belge Kronos Racing termine septième. Associée à Bas Leinders et Maxime Martin, Vanina Ickx, fille du sextuple vainqueur Jacky, signe pour la circonstance son meilleur résultat aux 24 Heures.

2012-2022 : Vantage, un label historique pour les 24 Heures

Après l’échec de projet AMR-One, Aston Martin se reconcentre sur les catégories LMGTE, offrant grâce aux 24 Heures du Mans de nouvelles lettres de noblesse à l’une de ses appellations les plus célèbres. Le label Vantage apparaît pour la première fois sur une Aston Martin au début des années cinquante, et désigne à l’origine une version améliorée de la DB Mk II. La V8 Vantage proprement dite voit le jour en 1977.

Les différentes versions de la Vantage vues dans la Sarthe cette dernière décennie cumulent un beau palmarès, avec un total de neuf podiums, dont cinq victoires : deux en LMGTE Pro (2017 et 2020) et trois en LMGTE Am (2014, 2020 et 2022).

Deux éditions sont restées dans les mémoires. En 2017, Jonny Adam, Daniel Serra et Darren Turner arrachent à Corvette Racing la victoire LMGTE Pro dans l’avant-dernier tour de course. Trois ans plus tard, la Vantage AMR s’adjuge les deux catégories, grâce à Alex Lynn/Maxime Martin/Harry Tincknell pour l’équipe d’usine (LMGTE Pro) et Jonny Adam/Charlie Eastwood/Salih Yoluc pour l’écurie partenaire TF Sport (LMGTE Am). Cette dernière s’impose une deuxième fois en LMGTE Am en 2022, avec au volant Henrique Chaves, Ben Keating et Marco Sorensen.

Cette dernière décennie a été à la fois celle du triomphe, mais aussi de la tragédie, avec l’accident mortel du pilote danois Allan Simonsen en 2013, dans les toutes premières minutes des 24 Heures

James Bond et le « permis de gagner » d’Aston Martin

Depuis 2006, Aston Martin est étroitement associé à la saga cinématographique de James Bond et aux cinq films de son incarnation par Daniel Craig. Jusqu’en 2011, les GT et prototypes engagés sous la bannière d’Aston Martin Racing arboraient des numéros de course à trois chiffres incluant le fameux 00 du matricule de l’agent secret né de l’imagination du romancier Ian Fleming. Symbole de son « permis de tuer », ce double zéro est devenu un « permis de gagner » en catégorie GT en 2007 et 2008 (n°009).

Pilote d'usine Aston Martin vainqueur de catégorie au Mans en 2007, 2008 et 2017, Darren Turner évoque sa perception de James Bond, en tant que témoin privilégié de cette histoire parallèle : « Mes acteurs favoris dans ce rôle sont Daniel Craig et aussi Sean Connery. J'apprécie beaucoup les derniers films, précisément interprétés par Daniel Craig. Je les apprécie beaucoup car ils sont un peu plus sombres que les précédents. J’ai également rencontré Roger Moore il y a quelques années, lors d’une manifestation Aston Martin. Il y a beaucoup de héros et de super-héros dans l’histoire et l’industrie du cinéma, mais je trouve que James Bond est le plus "normal", c’est quelqu’un qui a la vie secrète qu’on aurait envie d’avoir. »

Après la disparition en 2023 des LMGTE Pro, la catégorie LMGTE Am sera pour la dernière fois en piste les 10 et 11 juin prochain. Pour Aston Martin comme pour Porsche, Ferrari et Corvette, la victoire aura cette année une saveur particulière, avec l’exceptionnelle « valeur ajoutée » de l’édition du Centenaire. Et nul doute qu’au vu de ses résultats sarthois ces dernières années, Aston Martin sera à la pointe du combat.

PHOTOS : LE MANS (SARTHE, FRANCE), CIRCUIT DES 24 HEURES, 24 HEURES DU MANS 2006-2022 - DE HAUT EN BAS (D.R. / ARCHIVES ACO) : l'équipe d'usine Aston Martin Racing en 2017, avec au premier plan la Vantage AMR n°97 victorieuse en LMGTE Pro cette année-là ; les deux équipages Aston Martin en 2006 avec (de gauche à droite) Andrea Piccini, Darren Turner, Tomas Enge, Stéphane Ortelli (vainqueur des 24 Heures 1998 sur Porsche), Pedro Lamy et Stéphane Sarrazin ; la DBR9 remporte deux victoires de catégorie consécutives en 2007 et 2008 ; le coupé Lola-Aston Martin à l'arrivée des 24 Heures 2009, avec respectivement les quatrième et treizième places pour la 007 et la 008 ; le triomphe d'Aston Martin dans les deux catégories LMGTE en 2020 ; le podium LMGTE Am en 2022, avec la respectivement la première (au centre) et la troisième (à droite) marche du podium pour TF Sport et Northwest AMR ; le n°007 de James Bond aux 24 Heures du Mans 2006, année de la sortie de Casino Royale, qui voyait la première apparition de Daniel Craig dans le rôle du fameux agent secret 007.

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