De 1958 à 1960, John Surtees, dont le père vendait des motos, a largement dominé la compétition sur deux roues avec 32 victoires et 3 podiums sur 39 courses disputées. En 49 départs sur toute sa carrière, le Britannique, sept fois Champion du Monde dans deux catégories, totalise 38 victoires. En 1960, à 26 ans, John Surtees, qui n'a plus rien à prouver en moto, commence à se tourner vers l'automobile et dès sa deuxième course, sur ses terres britanniques, il termine deuxième. Quatre ans plus tard, en 1964, il deviendra Champion du Monde de F1 avec Ferrari. La même année, toujours avec Ferrari, il monte sur la troisième marche du podium aux 24 Heures du Mans.

Auparavant, en 1963, John Surtees a remporté les 12 Heures de Sebring pour sa toute première course en endurance avec Ferrari, signant le meilleur tour en course malgré quelques péripéties : "Pendant toute la durée de mon contrat, Ferrari m'a confié la responsabilité des essais de ses voitures. Pour les 12 Heures de Sebring, nous avons manqué de temps et l'une des voitures destinées à l'équipe NART n'a pas été complètement testée. Quand je suis arrivé aux Etats-Unis, le team-manager a changé l'allocation des voitures et avec mon coéquipier Ludovico Scarfiotti, nous avons hérité de cette voiture. Pendant la course, de la fumée rentrait dans l'habitacle car le capot n'était pas étanche. Cela nous a rendus malades et nous avons dû descendre précipitamment du podium !"

Au grand dam de John Surtees, qui aimait goûter aux joies du podium, à condition d'être sur la plus haute marche ! Malheureusement, au Mans, il a dû se contenter de la troisième : "Vingt-quatre heures, c'est long ! Donc on apprécie de monter sur le podium, mais c'était frustrant d'être sur la troisième marche car la voiture marchait parfaitement et nous aurions pu facilement nous imposer si une durite d'essence du réservoir n'avait pas cassé à quelques heures de l'arrivée. Jusqu'au drapeau à damier, à chaque ravitaillement, nous ne pouvions remplir le réservoir qu'à moitié !"

L'esprit de compétition... John Surtees, Commandeur de l'Empire britannique depuis 2016, n'en manquait pas. Il ne manquait pas de caractère non plus : "Je suis allé au Mans trois fois avec Ferrari et à chaque fois, j'aurais pu gagner. En 1966, après avoir réalisé le meilleur temps pendant les essais, je me suis rendu sur le circuit, mais suite à un désaccord avec le team-manager, j'ai quitté le circuit sur le champ." Ce désaccord portait sur l'identité de son coéquipier. Il était prévu que John Surtees partage sa Ferrari 330 avec Mike Parkes, mais lorsque le Britannique arrive dans la Sarthe, il découvre que le nom de Ludovico Scarfiotti a remplacé celui de Mike Parkes sur la voiture. John Surtees, qui reprochait à Ferrari de l'écarter après son grave accident de Mosport en 1965 au profit de Lorenzo Bandini, claque la porte. L'aventure Ferrari est terminée.

L'aventure des 24 Heures du Mans durera une année supplémentaire puisque John Surtees reviendra au Mans l'année suivante avec une Lola à moteur Aston Martin engagée par sa propre écurie, mais sans succès, faute de moyens. Il prendra sa retraite sportive en 1972 tout en continuant à s'occuper, jusqu'en 1978, de son écurie de F1. Il restera impliqué dans les sports mécaniques jusqu'au décès, en course, de son fils Henry, en 2009. Depuis, il se consacrait à la fondation Henry Surtees.

Le mot de la fin revient à John Surtees : "Malheureusement, je n'ai jamais pu remporter les 24 Heures du Mans..."

L'Automobile Club de l'Ouest présente ses sincères condoléances à sa famille et à ses proches.

Un livre de condoléances en ligne a été ouvert sur le site de la fondation Henry Surtees.

Photo (crédit : Louis Monnier) : John Surtees lors du rassemblement de voitures historiques de Goodwood en 2015.