La Porsche 911 RSR version 2017 : « Elle n’est pas nouvelle à100% car ça reste le châssis d’une Porsche 911, même s'il est modifié. Au niveau moteur, pas mal de pièces sont neuves tout comme la partie suspension ou l'aérodynamisme. Il s'agit bien d'une nouvelle auto. Elle se conduit différemment de l’ancienne version de la 911 RSR, nous avons beaucoup travaillé pour avoir un bon équilibre et bien la comprendre. Trois courses seulement ont été disputées (toutes aux Etats-Unis dans le championnat IMSA, ndlr), nous en avons une meilleure compréhension, mais sommes toujours en train d’apprendre car, sur une nouvelle voiture, il y a toujours des choses qui se produisent et qui n'arrivaient pas lors des essais. Nous avons encore une certaine marge de progression même si, grâce à ce tout ce que nous avons pu mettre en place depuis le début de la phase de développement l'an dernier, nous étions prêts à Daytona. »

Les premières courses aux USA : « Aux 24 Heures de Daytona, la n°911 (Patrick Pilet / Dirk Werner / Frédéric Makowiecki) termine 2e. C’était, à mon avis, difficile de faire mieux, la Ford GT victorieuse était un petit mieux que nous. Sur ma voiture, la n°912 (avec Laurens Vanthoor et Richard Lietz), nous avons eu un souci, mais nous sommes bien remontés ensuite (6e en GTLM). Aux 12 Heures de Sebring, nous avons de nouveau eu un ennui sur notre auto et la n°911 a eu une crevaison. A Long Beach, nous terminons troisièmes à l’issue d’une course chaotique avec des voitures de sécurité et des drapeaux jaunes. De plus, j’ai eu un choc à l’arrière qui a détruit mon diffuseur. Au final, nous avons démontré aux USA que nous étions pas mal en termes de performance, mais nous avons été assez malchanceux, les résultats ne sont pas à la hauteur de ce que nous aurions pu faire. Cependant, nous montons deux fois sur le podium en trois courses, c’est bien pour une première année avec une nouvelle auto.»

Ses programmes 2017 : « J’ai fait les trois premières manches aux USA, en WeatherTech SportsCar Championship, mais à partir de la manche de Watkins Glen, Gianmaria Bruni va me remplacer. Pour ma part, je me focalise sur le Championnat du Monde d’Endurance (FIA WEC). »

Son plein temps en FIA WEC : « Je vais en disputer l’intégralité pour la première fois. Il s’agit d’un championnat du monde avec une course comme les 24 Heures du Mans en guise de cerise sur le gâteau. Tous les pilotes rêvent de pouvoir faire ce genre de championnat, quelle que soit la catégorie. Le LMGTE Pro est très relevé avec des équipes et pilotes d’usine (Ferrari fait confiance à des écuries privées soutenues par l'usine, ndlr), je suis content d’en faire partie et fier d’etre arrivé là. Si on m’avait dit il y a trois ou quatre ans, "tu vas faire le WEC chez Porsche en tant que pilote officiel", je ne l’aurais pas cru. C’est une belle surprise, je suis ravi que Porsche me fasse confiance. Je vais essayer de faire une bonne saison en marquant des points à chaque manche. »

Lors des 6 Heures de Silverstone, la Porsche 911 RSR n°92 qu'il partage avec Michael Christensen a connu un début d'incendie, vite maîtrisé par les commissaires de piste, forçant l'équipage à abandonner (voir tweet) ! 

Les 24 Heures du Mans 2017: « Nous allons oublier 2016 pour commencer. Cette année, nous avons une nouvelle voiture, maintenant tout le monde s’attend à notre retour en termes de performance. Le Mans, c’est vraiment particulier car, avant la course et même après les séances d'essais qualificatifs, il est encore difficile de savoir où se situer par rapport à la concurrence ! On a vu Ford et Ferrari performants l’an dernier, nous ne l’étions pas avec une auto un peu vieillissante. Cette année, elle sera meilleure mais savoir à quel point, c’est trop dur à dire. Beaucoup d’éléments vont entrer en ligne de compte : notre travail, la Balance de Performance, la gestion des pneus, la météo, ... »

Ses objectifs de l’année : « Quand on dispute le Championnat du Monde d'Endurance, il y a deux objectifs : gagner des courses, gagner le championnat, mais surtout remporter les 24 Heures du Mans ! Pour Porsche, cela serait vraiment quelque chose d’exceptionnel car ce n’est pas arrivé depuis 2013 en GT. Nous savons que cela sera difficile, mais c’est pour ça qu’on est là : pour pouvoir se battre. »

Le Mans, un événement particulier pour un pilote français : « Ce seront mes troisièmes 24 Heures du Mans : la première fois, c'était en LMP2 en 2015 avec OAK Racing (Ligier JS P2 avec Chris Cumming et Laurens Vanthoor, abandon, ndlr) et la deuxième avec Porsche en LMGTE Pro l’an dernier (avec Patrick Pilet et Nick Tandy, abandon, ndlr). C’est une course spéciale, fantastique. Ce qui me marque le plus à chaque fois, c’est la parade. Il y a tellement de monde, nous sommes fatigués après 1 h 30 de signature d’autographes et de selfies. Ensuite, le lendemain, il y a la grille de départ avec la Marseillaise. Pour un pilote français, être au départ des 24 Heures du Mans est quelque chose d'extraordinaire. Ca procure des émotions que l’on a nulle part ailleurs. Tout le monde veut disputer les 24 Heures du Mans, mais pour un pilote français, c’est encore plus que cela ! »  

Photo (Laurent Cartalade / VSA) : Kevin Estre va disputer ses troisièmes 24 Heures du Mans (à droite sur la photo, à côté de son équipier Michael Christensen).